Marina Foïs n’a peur de rien, surtout pas du ridicule. Avec sa voix traînante et son air étonné, elle se promène aisément d’un registre à l’autre. Percutante dans Polisse, émouvante en Darling ou décapante au sein de la troupe des Robins des bois. Dans Papa ou Maman (en salle le 4 février), elle entre en guerre contre Laurent Lafitte pour ne pas obtenir la garde de leurs enfants. Petite promenade en zigzag, du coq à l’âne.
Oui. J’aime tous les costumes d’homme et si je pouvais, d’ailleurs, j’aimerais bien m’habiller chez les hommes, mais je suis trop petite. J’aime les femmes viriles, j’aime les hommes féminins, je n’ai pas de problème avec le transgenre.
Sur des sujets politiques ou profonds, j’aime bien la controverse, l’échange, je trouve ça extrêmement salutaire et j’aime les discussions animées.
Je n’ai pas de problème à être seule, mais la vie n’a de sens qu’à plusieurs. Un des plus beaux moments de ces derniers temps a été la marche. On n’était pas plusieurs, on était énormément. C’est quelque chose de très rassurant, de très porteur. Vivre ensemble, c’est un idéal.
Les femmes-enfants, ça me fout le cafard. J’aime les adultes qui sont adultes. L’enfance, ce n’est pas fait que de choses merveilleuses. Les enfants sont cruels, ils disent tout ce qu’il leur passe par la tête, ils ne font pas grand cas de l’autre. Quand ils le font, c’est très émouvant, mais c’est exceptionnel. Je n’ai pas le culte de l’enfance. J’adore discuter avec des enfants, ça m’éclate. Je suis évidemment le produit de mon enfance. Je n’ai plus grand-chose d’enfant et je ne suis pas triste de ça. Je l’ai été, enfant, c’est fait, maintenant je suis adulte, après je serai vieille et on verra bien.
Je ne l’entends pas. Je ne la connais pas. Je suis plus troublée par mon physique que par ma voix. Je ne me suis jamais posé la question.
Je n’en ai pas encore eu l’occasion. Quand on voit des biopics – Marion Cotillard dans La Môme ou Gaspard Ulliel dans Saint Laurent – on voit bien que leur voix se modifie. Je pense que ce qui est très intéressant, c’est d’intégrer ce qu’est la personne, sa manière de penser et d’être. Je pense que la voix s’est modifiée par conséquence, car ils ont modifié leur intérieur. Moi, je n’ai jamais modifié ma voix. Elle s’est peut-être modifiée selon les rôles, mais ce n’était pas décidé.
Ça m’arrive, mais je me rends compte que j’avais le trac quand mon trac s’arrête. Quand je cesse d’être nouée sur un tournage, je me dis : « Tiens, ça fait deux semaines que tu es tendue ». Quand on reprend un tournage, il faut retrouver l’impudeur, la simplicité, avec notre métier.
Je ne cherche pas la sécurité. Je ne cherche pas de trucs contre le trac. La sécurité, la tranquillité, au bout d’un moment, ça ne produit plus rien. Je ne veux pas avoir peur du déséquilibre, de l’inconnu, des zones marécageuses. C’est ça qui peut produire de nouvelles choses. Je ne veux pas me retrouver dans des situations balisées.
Dans la campagne, non. Ça n’est pas du tout fait pour moi. En revanche, j’adore marcher pendant des heures dans Paris et dans les grandes villes à l’étranger. Il faut qu’il y ait des choses, des bâtiments, des gens et des possibilités, car c’est cela qu’offre la ville. Je ne suis pas du tout contemplative. Je ne peux pas regarder une feuille et me dire que c’est incroyable. Je ne suis pas fière de ça, mais je suis obligée d’être honnête.
Ah oui, c’est vrai. J’adore la campagne !
Je suis un peu claustro. Je prends l’ascenseur, le métro, mais je peux étouffer. J’ai tourné un film dans lequel je faisais un astronaute, Un ticket pour l’espace. Il y avait des casques en bulle qui se ferment. Moi, je ne pouvais pas le fermer, sinon je faisais une crise de panique. Au propre et au figuré, il faut que j’aie une porte dans mon champ de vision, il faut que puisse partir.
J’aime beaucoup le premier café du matin. Je lis les journaux. Si je ne tourne pas, je vais très souvent au cinéma. J’aime beaucoup la séance de 11h, mais je peux kiffer aussi celle de 14h. J’aime des choses basiques, mais il y a des journées entières que je ne peux pas blairer !
J’en ai plein. Je suis excessivement grossière. Fuck, c’est pratique.
C’est une nécessité. D’abord, ça peut être très drôle. Laurent Lafitte, qui est quelqu’un de très smart, très élégant, très tenu est d’une grossièreté hallucinante. Dans le contexte de son élégance, c’est irrésistible. Je suis grossière, ce n’est pas qu’une démarche politique, mais il y a des choses que l’on n’exprime qu’avec ça.
Certainement dans ma dernière interview, parce que je mens pas mal. Je peux m’amuser à raconter des trucs qui ne sont pas vrais.
Il y a des choses très drôles, de même qu’absolument bouleversantes, dans La Rançon de la gloire de Xavier Beauvois.