Cold in July est à retrouver sur CINE+ A LA DEMANDE.
Il aura fallu attendre quatre films, et donc Cold in July, réjouissante adaptation d’un roman de Joe R. Lansdale découverte à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, pour que le cinéma de Jim Mickle arrive dans les salles françaises. Le réalisateur américain évoque le tournage de ce polar violent, parsemé d’un humour très noir et dominé par un trio d’acteurs (Hall/Johnson/Shepard) en pleine forme. Il revient également sur ses trois premiers films (tous disponibles en DVD) et sur sa méthode de travail avec son acteur et coscénariste fidèle, Nick Damici.
Ce n’est pas vraiment conscient, mais je m’en rends compte désormais. Je viens, en effet, de revoir mes quatre films récemment au cours d’un hommage. Ça vient peut-être du fait que nous tentons, avec mon coscénariste Nick Damici, de créer des personnages forts dans l’univers du film d’horreur. Des personnages auxquels on peut s’attacher, quelque chose d’un peu plus profond que des figures qui sont juste là pour se faire tuer.
C’est vrai que We Are What We Are commençait à s’éloigner de ces genres. C’est d’ailleurs ce que j’aimais dans le film original de Jorge Michel Grau : il s’agissait surtout d’une histoire focalisée sur ses personnages. C’est plutôt les actions des personnages qui tirent le film vers le genre et non des effets spéciaux. Pour moi, c’était vraiment une évolution très agréable, car nous pouvons beaucoup plus nous concentrer sur l’écriture et le jeu d’acteur. Cold in July se situe évidemment dans cette lignée. Je n’en fais pas trop sur les scènes spectaculaires, mais quand elles sont là, leur impact est plus fort.
Vous savez, je suis de New York et pour Mulberry Street, le tournage sur place a plutôt découlé d’une nécessité financière. Le scénario original se déroulait à la campagne, dans une ferme enneigée. J’aurais voulu le tourner dans la maison de mon père en Pennsylvanie, mais le budget extrêmement restreint m’a imposé de rester à New York, dans mon immeuble. Mais les trois films suivants ont été tournés dans le nord de l’État de New York. C’est beaucoup plus facile de tourner ici, et les paysages sont très cinématographiques. Ça apporte un ton véritable à mes films.
Ça a beaucoup évolué depuis nos débuts. C’est lui qui m’avait apporté le scénario de Mulberry Street, que nous avions retravaillé ensemble. Stake Land était plus une collaboration classique : il m’envoyait des pages de scénario et je lui renvoyais du matériel en retour… mais les choses ont vraiment changé pour We Are What We Are : nous étions payés pour développer le scénario, ce n’était plus seulement un hobby. Depuis, nous fonctionnons en étroite collaboration. Ce qui est génial avec Nick, c’est que, contrairement à moi, il n’a pas l’angoisse de la page blanche. C’est un très bon moteur.
Nous l’avons beaucoup fait sur Stake Land. Nous avions même pris le temps de faire une pause pendant le tournage pour laisser passer les saisons, ce qui nous avait permis de continuer à travailler sur le script. Certaines des choses que je préfère dans le scénario ont souvent été revues sur le tournage, notamment les relations entre les personnages. Nous continuons à le faire sur mes autres films, mais ça a vraiment joué sur la forme de Stake Land.
Je suis un fan du romancier Joe Lansdale, depuis que j’ai découvert son univers dans le film Bubba Ho Tep (de Don Coscarelli) adapté d’un de ses romans. J’ai ensuite beaucoup lu de ses livres. J’ai découvert Cold In July pendant le tournage de Mulberry Street et j’ai vraiment été épaté. J’avais l’impression de lire le scénario d’un grand film pas encore tourné.
Oui, j’adore ses films, surtout la première moitié de sa filmographie. J’aime beaucoup la façon dont il mélange les genres : action, horreur, SF…
Cela vient beaucoup du roman de Joe. Nous l’avons, bien sûr, un peu adapté au film et essayé de trouver le bon dosage. Mais je pense qu’une grande partie de cet humour vient du temps assez long qu’on a passé à la fois sur l’adaptation du scénario avec Nick, mais aussi au montage pour trouver le juste rythme. Mais cela vient aussi de mon trio d’acteurs : Michael C. Hall a été vraiment étonnant dans ce domaine. Et Don Johnson a eu une intuition parfaite sur ce que devait être son personnage et sa place dans le film.
Pas tant que ça. Je me souviens que le script a inquiété quelques personnes. Je tentais de les rassurer en leur expliquant que ce serait mon film le moins agressif. Il fallait que je les convainque que le film ne serait pas un festival de scènes gore. C’est aussi pour cela que je suis resté très évasif dans la violence, qui est notamment représentée dans les cassettes vidéo snuff que les personnages sont amenés à visionner. La violence des images se comprend plutôt sur les visages horrifiés des personnages qui les découvrent.
C’était très dur au début. Mais une fois que Michael a lu le script et manifesté son intérêt, tout est allé très vite. Une semaine plus tard, nous avions Don Johnson et Sam Shepard au casting. Le fait que We Are What We Are se retrouve à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes nous a également fait changer de statut. Et après avoir lutté pendant des années pour développer le script et trouver des financements, tout s’est finalement débloqué très rapidement.