À L’ARP, la création parle politique
Mardi 29 mars au Cinéma des Cinéastes (Paris 17e), la Société des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs (L’ARP) propose sa quatrième « Journée de la Création ». Caroline Santiard, responsable des actions culturelles de L’ARP revient sur les grands enjeux de cet événement gratuit et ouvert à tous – sur place et en ligne -, dont BANDE À PART est partenaire.
L’ARP, la Société des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs, organise depuis plus de trente ans, chaque année à l’automne, ses Rencontres Cinématographiques, rendez-vous incontournable des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, qui se réunissent autour de sujets politiques et économiques.
La Journée de la Création en est, en quelque sorte, au printemps, le versant créatif. Il s’agit d’un événement consacré aux enjeux actuels de création cinématographique et audiovisuelle. Nous voulons offrir aux créateurs et aux participants, composés notamment de jeunes et futurs professionnels, un espace d’échanges autour de la création dans toute sa diversité et sa richesse.
Déjà parce que nous sommes en pleine période pré-électorale : le sujet est donc particulièrement d’actualité et concerne tout le monde. Mais aussi parce que nous avons constaté que depuis quelque temps, les créateurs et le public partageaient un appétit croissant pour ces questions – les rouages du pouvoir et la chose politique en général semblent constituer, de plus en plus, une source intarissable d’inspiration et de curiosité ou de fantasmes. On le voit aussi bien dans des documentaires ou des films de fiction que dans des séries. Et cet attrait pour la politique – et les politiques – se manifeste aussi bien à travers la conquête du pouvoir, son exercice, sa chute, au niveau national (notamment dans la série Baron noir) que municipal (par exemple dans le récent film de Thomas Kruithof Les Promesses, où on suit le personnage d’Isabelle Huppert et son directeur de cabinet, joué par Reda Kateb, dans une ville de banlieue parisienne).
C’était pour nous une évidence : L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller (2011) est vraiment un film de référence, y compris pour les créateurs qui se sont frottés au sujet politique depuis. Mais plus récemment, Pierre Schoeller a aussi réalisé Un peuple et son roi (2017), qui, au-delà de son sujet très historique (la Révolution française), est aussi un film sur les mécanismes de la politique.
Quant à Mathieu Sapin, dans ses BD (Douze Voyages présidentiels, Comédie française, Le Château…), il sonde le pouvoir en se mettant lui-même en scène, dans le rôle d’un personnage discret et candide qui observe. Une approche du politique présente également dans les films, qu’il réalise – comme Le Poulain (2018) – ou qu’il coécrit et dans lesquels il joue – comme La Disparition (2022).
C’est justement une question qu’on va poser aux invités de la première table ronde, « filmer le pouvoir politique et sa conquête » : finalement, au service de qui se met-on lorsqu’on traite ce sujet ? Dans le documentaire, par exemple, quelle distance prend-on avec le sujet que l’on filme ? Un film sur la politique est-il forcément engagé ou militant ?
L’idée de la Journée de la Création est d’abord de réunir des créateurs. Mais on s’est demandé si ce ne serait pas amusant de faire intervenir une personnalité politique, et interroger justement son regard de « professionnel » sur ce que représentent les œuvres qui parlent de politique. Est-ce que ce qui est montré à l’écran reflète une certaine réalité ? Est-ce qu’il y a un décalage ? Et puis, en creux, il y a aussi une autre question qui nous anime : est-ce que ces œuvres de cinéma ou de télévision peuvent aider un candidat ? On pense tous à l’exemple des Guignols, qui – paraît-il – auraient aidé à la réélection de Jacques Chirac grâce à sa marionnette drôle et sympathique. On a proposé à François Hollande de participer, car – de manière totalement apolitique – pouvoir accueillir dans notre cinéma un ancien président de la République est assez extraordinaire ! Et on le sait par ailleurs très cinéphile. On lui propose de rencontrer Nicolas Pariser parce que, dans Alice et le maire (2019), il traitait de la chose politique non pas à travers la figure présidentielle, mais à travers celle du maire d’une grande ville (Lyon). On pense que la discussion sera ainsi plus libre, moins frontale.
4e Journée de la Création de L’ARP
Mardi 29 mars 2022 au Cinéma des Cinéastes (7 avenue de Clichy, 75017 Paris)
Gratuit, sur inscription (www.larp.fr)
À suivre également en ligne sur larptheque.larp.fr)
Le programme complet :
14h30 : Table ronde – Filmer le pouvoir politique et sa conquête
Animée par Eugénie Filho (Revus et Corrigés). Avec :
• Rebecca Zlotowski (Les Sauvages)
• Thomas Kruithof (Les Promesses)
• Eric Benzekri (Baron noir)
• Mathieu Sapin (Le Poulain, La Disparition ?, Comédie française)
• Anna Mouglalis (Baron noir, En même temps)
• Yves Jeuland (Paris à tout prix, Un temps de président)
• Fabienne Servan-Schreiber (Parlement)
16h30 : Rencontre-dédicace avec Mathieu Sapin
17h : L’Exercice de l’État – Master class de Pierre Schoeller
Master class animée par Léolo Victor-Pujebet (Horschamp)
19h : Conversation entre François Hollande et Nicolas Pariser
Conversation animée par Pierre Jolivet (Cinéaste et Coprésident de L’ARP).
21h : Avant-première du film En même temps de Benoît Delépine et Gustave Kervern
En présence de l’équipe du film.