BD et cinéma : Angoulême, Bastien, Timothé et les autres

Rencontre avec les auteurs Bastien Vivès et Timothé Le Boucher

Retour sur la 45e édition du Festival d’Angoulême, une occasion tout indiquée pour aller à la rencontre d’auteurs de bandes dessinées, art cousin du cinéma qui entretient depuis toujours une relation passionnée et spongieuse avec lui.

 

Si l’adaptation de bandes dessinées à l’écran s’avère ainsi un filon régulier pour les producteurs de films, le cinéma continue d’inspirer en parallèle les dessinateurs de tous horizons. Angoulême accueillait notamment deux grandes expositions de mangaka japonais prestigieux, Osamu Tezuka et de l’un de ses disciples, Naoki Urasawa, où l’on pouvait vérifier que lorsque le dessin privilégie « l’image mouvement », c’est toujours au bénéfice de l’émotion.

Deux entrevues avec des jeunes auteurs français donc : le premier, le génial Bastien Vivès, évoque la BD et le cinéma à travers ses goûts, son travail et son dernier opus en sélection officielle, Une sœur (Casterman), récit graphique éminemment subtil sur l’enfance et l’éveil à l’amour.

 

Le second,  Timothé Le Boucher, qui, après deux premières BD, est presque un nouveau venu. Il est l’auteur de Ces jours qui disparaissent (Glénat), qui s’est révélé être le grand succès critique de cette année (Prix des Libraires 2018). L’argument fantastique de son personnage qui se dédouble confine à une analyse très clairvoyante de notre société, combinée à une vision fascinante sur le temps et le destin. Le cinéma lui fait actuellement les yeux doux, pas moins de dix producteurs se sont manifestés pour acquérir les droits d’adaptation de son livre… À suivre !

Plus prosaïquement, le Festival d’Angoulême se sera aussi fait l’écho des difficultés des bédéistes qui, malgré le chiffre d’affaires du secteur (dépassant les 450 millions d’euros avec une croissance de plus de 20% ces dix dernières années), connaissent un statut des plus précaires (ah bon ? C’est un métier ? cf. page Facebook du collectif des auteurs),  bien éloigné de l’intermittence du secteur du cinéma français soutenu par les subventions d’une politique d’État. Pourtant, qu’ils soient conscients des enjeux du monde comme en atteste le « Prix Couilles au Cul 2018 » pour le courage artistique attribué à l’Iranien Kianoush Ramezani, réfugié politique à Paris qui s’est empressé d’évoquer les femmes s’opposant au port obligatoire du voile dans son pays, ou bien qu’il s’agisse du Fauve d’or 2018, décerné à Jérémie Moreau pour La Saga de Grimr (Delcourt), un conte épique puissamment artistique en Islande, ce n’est ni l’audace, ni le talent qui manquent aux auteurs de petites cases.

Kianoush Ramezani, « Prix Couilles au Cul 2018 » du Festival d'Angoulême. Photo : Olivier Bombarda.

 

Kianoush Ramezani, « Prix Couilles au Cul 2018 » du Festival d’Angoulême.
Photo : Olivier Bombarda.