On ose à peine le dire. C’est drôle, quand même. Le P’tit Quinquin a grandi, et il a été rebaptisé Coincoin. Oui, comme le dernier des garçons Tuche. Bruno Dumont s’en fout, on imagine bien, que ça n’a pas d’importance, mais voilà, sa série pour Arte, en saison 2, a été rebaptisée CoinCoin et les z’inhumains. Sourire en coin. Le commandant Roger Ven der Weyden n’a pas fini de répéter en boucle : « C’quoi c’bordel » à son acolyte, le lieutenant Carpentier.
Quinquin (Alane Delhaye), c’était un gamin, amoureux d’une fille. Quinquin, c’était de la tendresse et c’bordel, une femme coupée en morceaux, son amant en pièces, son mari trucidé aussi, une reine des majorettes, une sirène nue sur la plage prisonnière d’un filet de pêche, des vaches folles, des freaks et des gens qui allaient à l’église comme à la salle des fêtes.
Le P’tit Quinquin, c’était l’été sauvage et bizarre, des amours débutants et des histoires à tomber cul par-dessus tête. C’était l’été sauvage et naturel sur la côte d’Opale, dans le Pas-de-Calais natal de Brunot Dumont. Un théâtre tragicomique et détraqué, burlesque et absurde, dans un décor à l’image lumineuse, de dunes hérissées de blockhaus de béton et de falaises tombant dans la Manche.
Le P’tit Quinquin était fou, poétique et extraordinaire, extraterrestre même, dans ce décor des environs de Boulogne-sur-mer. Le petit village d’Audresselles, avec ses longères blanches cernées de bandes de couleur au bas des murs, est devenu le plateau de ce cinéma dingo. Les habitants ont joué les figurants, le maire son propre rôle. Eve (Lucy Caron), l’amoureuse de Quinquin, vient d’ici. Elle joue de la trompette, sous le fanion de la Lyre Marquisienne.