Spectre

Comme un fantôme des Bond passés

Costume cintré, cravate impeccable, jolie montre et Aston Martin… Le James Bond nouveau arrive dans les salles sous les traits, pour la quatrième fois, de Daniel Craig. Et ce Spectre est une renaissance pour 007, qui retrouve quelques-uns des attributs qui ont fait son succès et sa spécificité.

Depuis quatre films, celui qu’on voit sur les écrans, c’est donc un James Bond réinventé autour de Daniel Craig depuis Casino Royale, plus humain, plus sombre. Mais cette fois, le reboot est terminé, et ce Spectre sonne comme un petit retour aux sources pour 007. Certes, on le retrouve dans une situation compliquée :  sa « mère » M est morte dans ses bras à Skyfall, son enfance lui est revenue en un violent boomerang ; autant dire que côté perso, ce n’est pas folichon. Et côté boulot, ce n’est pas beaucoup mieux. Le « programme 00 » et ses agents tout-puissants sont au cœur de la polémique, face à un petit chef du renseignement qui ne jure que par le 2.0 : il veut informatiser et dématérialiser l’information pour moderniser l’espionnage, mondialement.

Heureusement pour James, un nouveau M est là pour défendre leur cause et « sa » M lui a envoyé un message d’outre-tombe qui va le mettre sur la piste d’une organisation d’une ampleur jamais égalée : Spectre. Oubliez ce que vous pensiez savoir de ce nouveau James Bond apparu depuis Casino Royale et reprenez à zéro. Ou, plus exactement, là où nous l’avions laissé, avant que 007 ne devienne un ersatz de Jason Bourne. Vous vous souvenez de cet homme au costume impeccable qui fonçait sans se poser de questions, semant les cadavres et les corps de ses amantes éprouvées dans des draps de satin ? Eh bien, bonne nouvelle, il est presque de retour. Fini le James Bond torturé qui ne savait plus ce qu’il devait faire. 007 version 2015 a bien des moments de doute, mais il fonce quand même très droit, quitte à ce que ce soit dans la gueule du loup.

Globalement, ce James Bond de 2015 reprend les attributs qu’on aimait retrouver dans la saga autour de lui : de jolies femmes, des gadgets amenant explosions et violence, un méchant très méchant, le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour.

Sex, Violence et rock n’ roll, on aime le James Bond nouveau

Et si ce Spectre est placé sous le signe de la mort dès sa première minute, on apprécie la façon dont 007 renaît de ses cendres « skyfalliennes » pour nous revenir le James qu’on aimait. Une renaissance sur pellicule qui augure bien de la suite des aventures de l’espion le plus British du septième art. James a retrouvé son flegme anglais, hourra !

L’humour

Ahhh, l’humour et l’ironie. La différence qui fait que James, notre 007 à nous, se distingue des Jason Bourne et autres Ethan Hunt. Réparties cinglantes, petits sourires en coin et dialogues aux doubles sens plus que coquins font le sel de James Bond depuis sa rencontre avec Dr No. Et c’est peu dire que cela nous manquait depuis le reboot Casino Royale. Presque autant que le barrel roll du crédit d’ouverture (le plan en spirale vu du canon d’un revolver) et le thème musical. Et les revoilà. Spectre est drôle, plein d’ironie et de petits clins d’œil, et ce n’est pas pour nous déplaire !

Le méchant-très-méchant

Le méchant version 2015 n’a pas tant changé que ça. Il veut toujours tuer ce pauvre James, qui n’a rien demandé. En psychopathe qui ne lâche jamais les rênes, Christoph Waltz (ce n’est pas un spoiler, c’est dans la bande-annonce) est parfait. On le sait capable depuis longtemps de tenir ce rôle avec beaucoup de plaisir, depuis Inglourious Basterds de Tarantino. Mais cette fois il paraît presque sobre, même s’il semble toujours s’amuser énormément. Le duo qu’il forme avec Daniel Craig fait le sel d’une histoire sinon un peu trop éparpillée. Il est même crédible malgré les circonvolutions du scénario loin d’être vraisemblables si on s’y attarde.

Les gadgets

Parce que James Bond ne serait pas 007 sans Q et ses gadgets, même si Q a changé de visage, le plaisir de ce Spectre, c’est bien le retour de la technologie, et de ses collatéraux : explosions, évasions, trucs et astuces. Et explosions et évasions il y a. Et c’est un vrai plaisir pour le spectateur de retrouver enfin ce côté de l’agent si British qu’on aimait tant. James fait tout exploser, sans risquer pour autant de salir ou d’abîmer son costume.Outre un plan séquence magistral en ouverture du film, le réalisateur émérite Sam Mendes fait de son mieux pour renouveler, tout en les suivant, les codes du genre. Un exercice qu’il réussit à merveille, parvenant à sublimer la sortie de l’ombre d’un ennemi prêt à attaquer ou la classique embuscade du méchant-très-méchant.

Les femmes

007 a toujours été amateur de jolies femmes. De deux, très jolies, en particulier dans cet épisode : l’une, brune italienne toute en courbes et de son âge à lui, et la seconde, blonde, fine et nettement plus jeune. On a beaucoup jasé sur le choix de Monica Bellucci, trop vieille aux yeux de certains pour faire tomber 007.
Qu’on se rassure, un plan en dentelle noire devrait suffire à faire taire les mauvaises langues.

Quant à Léa Seydoux, si elle a droit, comme Ursula Andress fut un temps, à un plan « apparition qui
fait tomber les mâchoires », elle semble se débattre dans un personnage aux enjeux un peu flous et aux sentiments changeants.

Globalement, les deux sont victimes, comme leur partenaire masculin, d’une frilosité évidente de la mise en scène en ce qui concerne leurs scènes plus
« chaudes ». Après tout, le film sort d’un studio hollywoodien, où le pire ennemi reste le « PG », la classification d’un film dans une catégorie qui empêcherait les familles de se ruer dans les salles.

Par conséquent, ce James Bond n’est pas sexy,
du moins pas au point où on l’aimerait. C’est peut-être là, d’ailleurs, la faille de Daniel Craig. S’il assume, muscles trapus et forme carrée, le côté physique et fermé du James Bond nouveau, il semble à la peine quand il s’agit de jouer de l’ironie et du sourire en coin ;
l’œil qui frise et le charme de Sean Connery ne sont pas donnés à tout le monde…