Bien avant l’arrivée du Kryptonien, Superman, sur notre planète bleue en compagnie d’autres Spiderman, Iron-man et X-men, le concept du super héros se voyait déjà relater sur fond de mythologie grecque à travers les récits d’Homère, porté par des figures comme Hercules, Jason, Ulysse et autres Achilles. Alors de quelle manière notre perception du super héros a-t-elle évoluée ? Va- t’elle marquer au fer blanc notre culture ou bien passer de mode ? J’opte pour la première option.
Tout d’abord, le super-héros masqué comme nous le percevons à l’heure actuelle, s’est fait connaitre sous la forme de personnages de comics dès la première partie du 20ème siècle, face à une littérature dite plus noble telle que les Trois Mousquetaires, Zorro, Tarzan ou encore l’espion de Ian Flemming, le plus connu de notre époque, James Bond. Ce que nous appelons le neuvième art a longtemps été considéré comme mineur parmi ces œuvres mais pourtant prépondérant à la pop culture contemporaine tel que les comics bien sûr, le cinéma, la télévision et le jeu vidéo.
Symptôme direct de la grande dépression des années 30, les œuvres de super-héros vont au-delà de l’imagerie naïve et enfantine de la pop-culture américaine. Ils sont une composante fondamentale du psychisme des États-Unis, de ses valeurs, de ses croyances mais aussi de ses doutes et de son patriotisme sérieusement ébranlé depuis le 11 septembre. Créé initialement pour nous évader, sur des sujets élémentaires comme les liens familiaux, nos origines ou tout simplement la confrontation entre bien et mal, depuis quelques années, le genre super héroïque vient à s’intensifier sur le fond. Les personnages qu’incarnaient à l’époque le professeur Xavier et Magnéto, dans X-men, allégorisaient déjà les deux figures représentatives de la lutte pour l’égalité de la communauté afro-américaine, Malcom X et Martin Luther King. Malheureusement la réciprocité de leur engagement se heurta à des idéologies contraires, les catapultant ironiquement dans une guerre fratricide.
Les films de super héros autrefois moqués et catalogués dans un sous genre, sont aujourd’hui appréciés par le plus grand nombre. Depuis l’apparition des cinéastes tels que Christopher Nolan avec la trilogie du chevalier noir, Sam Raimi avec Spider-Man ou encore Bryan Singer pour X-men, le spectateur semble en demander d’avantage dans le développement d’intrigues toujours plus complexes. La firme Marvel l’a totalement compris à travers son MCU (Marvel Cinematique Universe) en mélangeant subtilement fun, innovation réaliste et contenu dramatique percutant. Mais la firme ne s’arrête pas là grâce à la plateforme Netflix, en produisant des contenus plus adultes encore dans l’optique de recréer une sorte d’Avengers pour les grands enfants. A l’instar d’Iron Man en 2008, Netflix diffuse depuis 2014 la série Daredevil, suivie de Jessica Jones en 2015 et prochainement celle de Luke Cage , Iron Fist et le Punisher, pour les retrouver finalement tous ensemble dans l’une des séries de super-héros les plus attendues de ces prochaines années : The Defenders. Cette volonté de réinventer un cross-over super héroïque dans une série, confirme tout simplement la demande perpétuelle d’un public plus averti d’élever ce genre au rang des plus grands divertissements.
Cette place prédominante à laquelle accèdent ces super-héros, apporte avec elle son lot d’effets secondaires néfastes, ne laissant qu’une petite place aux autres blockbusters dans un horizon déjà bien bouché. Alors que cette année 2016 comptabilise six blockbusters dédiés aux supers héros et jusqu’à 2020 une quarantaine, que restera-t-il d’ici là de notre boulimie pour ces films. N’allons-nous pas vers une overdose pure et simple, qui conduirait comme à l’âge d’or du Western à une extinction de ce cinéma ?
Par Arnaud Pierquet