Depuis son premier long-métrage, Roger & me, en 1989, ce sale gosse de Michael Moore dresse à travers ses documentaires ironiques un portrait craché de l’Amérique. Bowling for Columbine s’attaquait à la politique des armes à feu aux États-Unis, Fahrenheit 9/11 à l’après-11-septembre et l’invasion de l’Irak par George Bush. Cette fois, c’est pareil et différent : il se met en scène, comme toujours, partant à la rencontre des gens, comme d’habitude. Mais il quitte son sol natal, passe de l’autre côté de l’Atlantique et joue les « envahisseurs », en treillis et bannière étoilée prête à planter : le jeu consistant à voir dans chaque pays visité la bonne idée à piquer. De l’Italie (où les congés payés l’épatent) à l’Islande (où la place des femmes en politique le ravit) via la France (où les cantines d’écoles et l’absence de soda l’ébaubissent) en passant par le Portugal, la Norvège, la Tunisie, l’Allemagne, Michael Moore fait son marché parmi les avancées sociales, sociétales et politiques qui font bouger le monde et les peuples. Évidemment, il ferme les yeux sur ce qui fâche (chômage par ci, corruption par là, crise financière un peu partout…) et ne montre que ce qu’il veut, mais voilà : ça marche ! Le procédé débouche sur des séquences hilarantes et des moments d’espoir qui nous font penser : « Bon sang, mais bien sûr, c’est ce qu’il faut faire ! » Le système Moore, basé sur une mauvaise foi revigorante, génère des films malpolis, qui font rire autant que réfléchir. Manquerait plus qu’on boude !