Eyal et Vicky viennent d’enterrer leur fils. Les sept jours du deuil juif de Shiv’ah sont passés. La vie sociale reprend son cours. Si la mère se jette dans les rendez-vous concrets, au cimetière, chez le dentiste, à l’école où elle travaille, le père lâche les obligations et prend la tangente. Plus aucune concession, plus aucune retenue. Quitte à repousser les voisins et à chiper le cannabis thérapeutique de son fiston à l’hôpital pour le fumer à la maison. Par l’humour, Asaph Polonsky dynamite la douleur, tout en la reconnaissant. La première scène donne le ton, avec Eyal engageant les gosses présents chez lui à se prendre une raclée au ping-pong. Le jeune réalisateur américano-israélien de trente-trois ans livre un premier long-métrage écrit seul et brillamment dosé, avec un Prix Fondation Gan de la Semaine de la Critique cannoise à la clé. D’une humanité réjouissante, le couple brille sous les traits de deux solistes, Shai Avivi et Evgenia Dodina, qui excellent dans la retenue et la finesse d’une incarnation sans esbroufe de parents dévastés. Face à eux, Tomer Kapon réjouit en jeune voisin généreusement barré. Ce récit filme avec bienveillance extrême et maturité la survie de l’individu face à l’inacceptable. Et l’amour enveloppe tout sur son passage, des p’tits chatons trimballés à droite à gauche au partage de la fumette, d’une chorégraphie d’opération à une moustache inédite. Épatant et bouleversant. Un cinéaste est né.