Une seconde mère
Quatrième long-métrage de la réalisatrice brésilienne Anna Muylaert, Une seconde mère est son premier à sortir en salle en France. L’occasion de découvrir un regard fort et pertinent sur un pays travaillé par ses mutations. Mutations sociétales, avec le clivage historique des classes sociales et des origines régionales en plein bouleversement. Mutations économiques, avec la montée des classes moyennes et l’aspiration à l’élévation sociale. Ce récit original, écrit par la cinéaste, suit les pas d’une employée de maison de la bourgeoisie de la mégapole économique São Paulo. La tradition est soudain dynamitée de l’intérieur par l’intrusion de sa fille, tout juste débarquée du Nordeste, et destinée aux mêmes études d’architecture que le fils de la maison. Anna Muylaert dépeint avec précision la circulation des êtres dans la géographie de la villa et les limites à ne pas franchir, que la mère contourne et que la fille défie sans hésitation. Le ton est direct et sensible à la fois. Le regard sur la réalité est droit. Et bienveillant aussi. Comment une société peut-elle avancer quand ses mères délaissent leurs propres enfants pour élever ceux des autres ? Tout ça pour survivre dans un pays où les inégalités sont flagrantes. Fuyant le misérabilisme, Une seconde mère privilégie l’espoir, l’audace, l’insolence salvatrice. Avec intelligence. Et avec l’incarnation forte de Regina Casé. Primé en début d’année à Berlin et Sundance.