Un beau dimanche
Septième long-métrage déjà pour Nicole Garcia réalisatrice. Et toujours le goût des personnages qui glissent, en basculement, en rupture. Le sentiment amoureux débarque ici et change la donne d’êtres apparemment libres, mais menottés par la fatalité. Baptiste a la trentaine et bosse comme instit suppléant dans le sud de la France. Il récupère un de ses élèves esseulé pour le week-end de Pentecôte et l’emmène voir sa mère. Elle, c’est Sandra, autre trentenaire saisonnière, serveuse dans un restaurant de plage. Ces trois solitudes vont allier leur flottement existentiel et gagner ensemble une nouvelle énergie. Si le récit ne passionne pas de bout en bout, le point fort reste les interprètes et la manière dont la cinéaste accompagne ses pairs à l’image, dense, solaire et signée Pierre Milon. Louise Bourgoin continue son expérimentation actorale avec une partition contrastée, où la sensualité de cette fille à créoles et tatouage se frotte à la dureté, à l’humiliation, à la menace et à l’inconnu. Gracile et lunaire au soleil, Pierre Rochefort endosse le rôle pas facile d’un jeune homme qui dit non à son héritage familial, devant la caméra de sa propre mère. Et Nicole Garcia fait un cadeau émouvant à une autre actrice, Dominique Sanda, qui renaît au cinéma en grande bourgeoise confinée dans la bâtisse de ses blessures, mais en qui l’émotion perce les murs.