Gros succès en Espagne, ce film récipiendaire en 2015 de cinq Goyas (les Césars ibériques), dont celui du meilleur film, arrive sur les écrans français précédé d’une jolie réputation aux festivals de Toronto et San Sebastien. Rien d’exceptionnel sur le plan de la mise en scène, mais la singularité de Truman, cinquième film du réalisateur de Krampack (2001) est d’être un feel good movie sur la mort. Cet oxymore cinématographique est brillamment dialogué et littéralement porté par deux pointures d’acteurs : l’Argentin Ricardo Darin (Dans ses yeux) et l’Espagnol Javier Camara (Parle avec elle). Ils sont amis de longue date et la vie les a séparés : Tomas (Camara), prof au Canada où il vit avec son épouse, rend visite à Julian (Darin), acteur madrilène, père divorcé d’un grand garçon faisant ses études à Amsterdam, propriétaire d’un bon gros chien nommé Truman, et ayant récemment décidé d’arrêter son traitement. Julian a un cancer en phase terminale. Ces quatre jours donneront lieu à des discussions, des réflexions, des souvenirs, des vacheries. En guise d’héritage pour ceux qui restent, de viatique pour ceux qui partent. Car Julian veut faire les choses dans les règles : tester des familles adoptives pour Truman, effacer les querelles, dire adieu. Politesse du désespoir, l’humour féroce et irrésistible fait sans cesse contrepoint, jugulant la prise d’otage à l’émotion qui souvent point.