C’est une histoire de destins entremêlés, d’amours d’autrefois qui ressurgissent sans crier gare, à la faveur de la rencontre entre Nora (Agathe Bonitzer), jeune cadre dynamique spécialisée dans la haute finance, et ses nouveaux employeurs (Lambert Wilson et Pascal Greggory). Dans le cadre rigide et froid d’une grande entreprise, Pascal Bonitzer et sa coscénariste, Agnès de Sacy, tissent des liens étroits entre des personnages, tous plus ou moins aliénés, et font bouger les lignes qui les unissent ou les séparent, avec subtilité et raffinement. Ce petit monde codifié des affaires est ici filmé avec précision, et flirte constamment avec une légère étrangeté, nimbée de drôlerie, que vient nourrir un beau travail autour de la bande-son. C’est que tout ici menace de vriller, les tractations financières, comme les vies de chacun.
Pascal Bonitzer filme ses comédiens – Agathe Bonitzer, Lambert Wilson, Pascal Greggory, Isabelle Huppert, Vincent Lacoste, Jean-Pierre Bacri, Julia Faure, tous impeccables – avec une rigueur remarquable, sous la lumière délicate de Julien Hirsch. On notera, mais ce n’est qu’un exemple, le face-à-face Huppert-Bacri dans une séquence de sortie d’hôpital. L’émotion y affleure progressivement, les deux acteurs sont manifestement émus et heureux de jouer ensemble : c’est une très belle scène.
Par ailleurs, et comme à son habitude, le réalisateur de Rien sur Robert et Cherchez Hortense joue avec les mots, leurs consonances, leur rareté, leur sens symbolique, dont certains, récurrents – « étalingure », par exemple – finissent par gagner le statut de véritables personnages. C’est ludique, fin et malin.