Tirez la langue, mademoiselle
Dans le 13e arrondissement de Paris, deux frères médecins très liés travaillent de concert. Célibataire l’un et l’autre, ils se consacrent à leurs patients, conjuguent leurs diagnostics, prodiguent leurs soins, côte à côte. L’arrivée dans leur quotidien d’une jeune diabétique et de sa ravissante mère vient troubler l’harmonie qui régnait jusqu’alors entre eux. Sur la base de cet argument, Axelle Ropert (critique et scénariste passée à la réalisation avec le moyen-métrage Etoile violette, puis le long La Famille Wolberg) suit pas à pas l’avancée de ses personnages gagnés par le vertige amoureux. Sa mise en scène ourlée les enveloppe, suit leurs mouvements nocturnes ou diurnes, les soubresauts de leurs âmes ébranlées au contact les uns des autres. Tirez la langue, mademoiselle est un film feutré, où les mots trouvent leur juste résonance dans des décors nimbés d’une lumière sensible. Cette lumière – signée Céline Bozon – caresse ces personnages esseulés, détoure leurs silhouettes, accentue leur présence et dote cet univers raffiné d’une aura mystérieuse. On y circule avec grâce, malgré les souffrances et les peines. On y parle sans crier, d’une voix douce et posée : Cédric Kahn et son timbre profond, Laurent Stocker et sa diction méticuleuse, Louise Bourgoin et sa sensibilité inquiète. Tous sont admirables, de charisme et de pudeur combinés, dans ce joli film, délicat et singulier.