Tip Top
Dans une bourgade française, deux inspectrices de la police des polices se rendent dans un commissariat pour enquêter sur le meurtre d’un indic d’origine algérienne. Sur fond de dérèglement social, ce duo néo-burlesque vient distiller ses névroses. Sally (Sandrine Kiberlain), l’observatrice en retrait, et Esther (Isabelle Huppert), l’impétueuse brutale, sont toutes deux percluses de travers en lien étroit avec leur fonction : la première, voyeuse, observe ses voisins dans l’intimité, lorsque la seconde s’adonne à des sévices sadomasochistes ; l’une et l’autre jouissant de leurs vices secrètement la nuit, en écho inversé à la profession qu’elles exercent le jour.
Ce joyeux monde dysfonctionnel se fait ainsi le théâtre d’excentricités de toutes sortes. Isabelle Huppert, métronomique, s’en donne à cœur joie sur le terrain du grotesque, face à Sandrine Kiberlain, formidable en caméléon mouvant, présente, toujours, dans l’écoute comme dans le silence. Autour d’elle, un cortège de silhouettes hors norme (François Damiens, entre rage et douceur), de visages-fantômes (Alain Naron), de voix vibrantes (François Négret). Tip top promène ainsi sa fantaisie impure sur fond de tensions raciales, s’embourbe dans un imbroglio d’événements, sursaute, fonce, se vautre, se relève et finit par installer sa cadence instable et son humour malade. Drôle, tragique et fou.