Une belle initiation à la vie dans une étonnante traversée du désert.
Nommé aux Oscars du meilleur film étranger cette année, Theeb est le premier long métrage d’un jeune réalisateur jordanien, Naji Abu Nowar qui fait revivre un pan entier de la cinéphilie mondiale. Les décors magnifiques du Wadi Rum, zone désertique au sud de la Jordanie, qui avaient servi à l’incontournable Lawrence d’Arabie (1962) de David Lean, se déploient à nouveau en format cinémascope sur l’écran, telle la résurgence d’un cinéma flamboyant oublié. Mais si comme son modèle, Theeb circonscrit la période historique chaotique de l’occupation britannique des péninsules arabes pendant la Première Guerre mondiale, le héros n’est plus ici un élégant soldat blond aux yeux translucides, mais son pendant qui l’observe : un jeune bédouin de dix ans au regard noir. Au travers de ce troublant jeu de miroir, s’en suit dès lors un récit initiatique qui décrit un monde adulte cruel et corrompu, avec un goût solide pour le cinéma d’aventure et un amour tellurique indéniable. Un film aussi réflexif que mémorable.