Le titre donne le ton. Le Teckel, traduction littérale de l’original américain Wiener-Dog (Chien saucisse). En allemand, « Wiener » signifie « Viennois ». Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos chiens-chiens. C’est par la race canine donc que Todd Solondz nomme son film. Toujours très pragmatique, le cinéaste de Happiness, Storytelling et Palindromes semble dans sa période à dénomination animale, après Dark Horse. La bête à poil ras sert ici de fil rouge à quatre segments, qui visitent avec précision, audace et cruauté des moments de vie de personnages opposés en âge, milieu et entourage. Mais ils ont tous en commun cette solitude et ce malaise intérieur, typiques de l’auteur de Bienvenue dans l’âge ingrat. Le canidé révèle les désillusions, les frustrations, les empêchements. Et amène un enfant à faire le dur apprentissage de la séparation et de la mort, et une vieille acariâtre au seuil de sa vie, à voir défiler devant elle l’épanouissement auquel elle aurait pu accéder si elle avait choisi d’autres options. Scène marquante avec la grande Ellen Burstyn. L’effet implacable et drolatique du tout est accentué par le soin apporté à l’image, aux décors, aux costumes, qui enserrent les caractères étudiés dans de petites boîtes précieuses, où la causticité gagne en efficacité. La maîtrise brille, et a valu à Solondz deux prix au dernier festival de Deauville. Vous en reprendrez bien une tranche ?