Stefan Zweig, adieu l’Europe
Alors que Stefan Zweig est désormais entré dans la prestigieuse bibliothèque de la pléiade, l’écrivain, auquel le cinéma a rendu plusieurs fois de beaux hommages (Lettre d’une inconnue, de Max Ophuls, ou plus récemment The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson), a désormais droit à une biographie filmée. Encore faut-il s’entendre sur le terme biographie car, pour son troisième film en tant que réalisatrice, la comédienne Maria Schrader a décidé de s’intéresser à une période bien précise de l’existence de l’auteur de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme. On suit en effet Zweig pendant les dernières années de sa vie, durant, notamment son exil au Brésil. Ce portrait d’un intellectuel qui refuse les réponses trop simples en une période plus que troublée (Zweig s’est donné la mort en 1942) est admirable en plusieurs points. L’incarnation, tout d’abord, du protagoniste par Joseph Hader, qui compose un personnage très humain, tout en laissant transparaitre la complexité des sentiments qui tourmentaient l’auteur du Joueur d’échecs. Le choix de chapitrer de façon très littéraire différents moments-clefs de la dernière partie de sa vie, mettant alternativement en scène moments intimes et publics. Enfin et surtout, la mise en scène précise et stylisée de Maria Schrader, qui emprunte à la fois à la peinture et au théâtre, pour un résultat d’une grande subtilité. En cadrant ses personnages dans un cinémascope aussi discret qu’élégant, elle inscrit ses personnages dans un récit qui fait se conjuguer subtilement la biographie et le chaos du XXème siècle.