States of Grace
Après un court-métrage sur le même sujet, Destin Cretton reprend et développe l’histoire en partie vécue par lui, alors qu’il travaillait comme éducateur. Dans un centre spécialisé pour adolescents battus ou victimes d’inceste, l’équipe de personnel encadrant est dirigée par Grace, jeune femme solide, efficace, qui semble comprendre ces mômes de façon organique. Le film se développe selon un axe documentaire : Nate (Rami Malek) rejoint la communauté côté soignants et nous découvrons à travers ses yeux les protagonistes : Markus, jeune rappeur qui aura bientôt dix-huit ans et sera obligé de partir, Sammy qui tente de s’échapper à la première occasion… Ainsi que le rôle dévolu à Grace, Mason, Jessica et les autres : ni parents ni psy, ils sont là pour proposer un «cadre». Le soir, Grace et Mason se rejoignent, ces deux-là s’aiment d’amour et la beauté de leurs scènes intimes doit beaucoup à la force des deux interprètes, Brie Larson (une pure révélation) et John Gallgher Jr. Le plus surprenant dans States of Grace, c’est l’âge des éducateurs, qui sont à peine plus vieux que les jeunes dont ils s’occupent. Cette proximité d’apparence est explorée dans l’axe fictionnel du film, qui voit Grace se rapprocher de Jayden (Kaitlyn Dever), une gamine agressive en qui elle reconnaît ses propres démons, ses blessures anciennes. Le scénario devient alors plus binaire et démonstratif ; c’est d’autant plus dommage que la mise en place était prometteuse. Et que la caméra portée, nerveuse et bienveillante, nous immerge sans peine dans les allées et venues qui sont autant de méandres révélant des parcours intérieurs bouleversants.