Star Trek into Darkness
Star Trek, c’est l’Amérique d’aujourd’hui : une civilisation avancée en guerre contre le terrorisme sanglant. La peur aura duré des siècles ; la menace ne meurt jamais. Le futur que l’on voit dans Star Trek into Darkness, quelques siècles après le nôtre, s’arrime au présent d’un trauma d’après le 11-Septembre 2001: le vaisseau Enterprise voyage au cœur noir de ces ténèbres contemporaines. J.J Abrams se transporte à des années-lumière des fondements SF de la saga créée par Gene Roddenberry dans les années 1960, et à mille lieues du récit des origines de Star Trek, le premier épisode qu’il avait réalisé en 2009. Comme si un scénario hanté s’était écrit sur la pierre tombale du mémorial de Ground Zero. Kirk et Spock combattent un terrorisme qui n’aura jamais cessé. Le spectacle cinématographique prend la démesure de ce chaos perpétuel, en 3D et en Imax. Dans l’ espace-temps arrêté d’une intrigue politique d’après l’horreur d’attentats se met en scène un mouvement de glaciation et d’effroi. Star Trek a beau se jouer encore dans le cosmos, en d’épiques batailles spatiales, l’équipage de l’Enterprise ne se projette plus dans le futur. Il n’est plus notre vaisseau visionnaire, mais le véhicule de notre passé : il stationne au-dessus de nos têtes et transporte les images fortes du cauchemar moderne de l’Amérique. Il a perdu, dans les ténèbres, sa part de fantastique pour embarquer le réel en départ immédiat. Où l’espace n’est plus la frontière de l’infini, de tous les possibles, mais le lieu d’une histoire qui recommence. Star Trek ne rêve plus. Into darkness, tout est si sombre.