En solitaire
Un homme, un bateau, une traversée : le scénario du premier film de Christophe Offenstein, chef-opérateur, jette une encre simple et sympathique. En solitaire s’énonce vite : François Cluzet embarque à bord d’un immense monocoque dans le Vendée Globe, en remplacement, au pied levé, d’un skipper vedette, blessé. Une escale technique aux Canaries pour réparer une avarie perturbe sa course, alors qu’un jeune clandestin est monté à bord, à son insu, compromettant ses chances de victoire. En solitaire, commencé comme un récit d’épreuve sportive naviguant en eaux quasi-documentaire et sans histoire, quitte avec ce gamin l’attache de l’anecdotique, pour prendre le large d’un récit fraternel comme en racontent les marins, cette communauté de mer solidaire.
Film de mer et d’amitié entre le vieux loup et l’enfant, En solitaire ne touchera terre qu’à l’arrivée, à l’issue d’une aventure en huis clos, dans l’exiguïté de la cabine du bateau. Ce récit marin prend le vent, les vagues, affronte la haute mer tempétueuse, les creux de vagues monstrueuses, une houle gonflée d’orgueil. Christophe Offenstein filme en prises de vues réelles cette haute mer qui donne de l’ampleur et du mouvement au récit, à l’humanité tenue, attachante. La part de François Cluzet est essentielle : le comédien, pied marin, concentration rigoureuse, joue au plus vrai.