Le sens de l'humour
Une femme, un enfant, un homme. Le second, Léo, est le fils de la première, Elise, qui a pour amant le troisième, Paul. Rien que de très banal en somme. Sauf qu’Elise balance à Paul des vérités toutes crues : pour elle, leurs étreintes ne font pas une relation. Sauf qu’au détour d’une phrase de Léo à un copain dans la rue, on apprend que son père est mort récemment. Et cette absence feutrée devient présence assourdissante. Marilyne Canto met en scène dans son premier long-métrage comme réalisatrice (après quatre courts) une partie de sa propre histoire. Elle y interprète aussi le personnage principal. Avec une infinie délicatesse, elle met en scène le deuil, l’après. Elle filme en long plan séquence les déambulations d’Elise, conférencière de musée, qui arpente le Louvre et l’Orangerie, traverse des jardins, emmène en courant Léo à l’école. Elise marche, donc elle fonctionne. Elle est debout. Pour son fils, sûrement. Mais aussi parce qu’elle est comme ça, semble-t-il, depuis toujours. Vivante. En dépit de la mort, désormais. Mais amoureuse, non. Malgré la tendresse de Paul,malgré le lien évident qui se tisse entre lui et Léo. Elise ne s’autorise qu’un sentiment : la colère. Derrière le sourire tranquille, le quotidien joyeux, elle n’avance pas. Ce portrait sensible d’une famille en train de se recomposer est d’une simplicité élégante. La complicité d’Antoine Chappey et Marilyne Canto imprègne l’image, et le jeune Samson Dajcman est un acteur né. Le sens de l’humour, qui donne son titre au film, c’est avant tout le sens de la vie.