Se battre
« Plus tu pleures, plus tu ramasses la misère. Mais quand la misère, elle voit que tu pleures pas, elle vient pas… » Ils sont précaires, sdf, travailleurs pauvres. Au jour le jour, il y a de quoi être découragé. Mais ils n’ont pas dit leur dernier mot. Pour rester debout, malgré tout, malgré la déprime, la faim et la honte, ils se battent. Au sens propre, comme ce garçon qui pratique la boxe ; au figuré, comme cette femme, cadre licenciée qui continue à répondre à des demandes d’emploi, comme ce jeune homme fataliste qui cumule deux boulots… Ce documentaire explore une situation de plus en plus répandue en France. Ça se passe à Givors et ça pourrait être partout ailleurs. La pudeur et l’humanité avec lesquelles Jean-Pierre Duret et Andréa Santana filment ces hommes et ces femmes font de ces témoignages, au demeurant bouleversants, des preuves irréfutables que le monde du travail ne tourne pas rond. Pour les aider, des associations de bénévoles se substituent aux pouvoirs publics, récoltent des denrées dans les grands magasins et les redistribuent, trouvent un logement à cette mère et à ses deux enfants, s’échinent à installer l’électricité dans un squat. La solidarité ne fait pas de miracles, mais colmate des brèches. « C’est toujours ça de pris sur l’indifférence et la bêtise », dit l’un d’eux. Ça vaut aussi pour ce film constat, à la fois terrible et encourageant, qui devrait remettre quelques idées en place.