Résistance naturelle
Jonathan Nossiter n’a pas baissé la garde. Il filme en cinéaste de combat et prend position. Dix ans après Mondovino qui rendait compte des ravages de la globalisation, de la marchandisation, de la normalisation dans la culture du vin, il revient à la charge avec Résistance naturelle. Dans des vignobles d’Italie, il filme les combattants, les nouveaux révolutionnaires du vin naturel. Des hommes et des femmes libres, des artisans ancrés, dans un terroir, une terre, des savoir-faire, des traditions. Leur éthique de la vitalité ne transige pas et les oppose à une administration qui voudrait enterrer leur engagement écologique. Ils résistent, ils restent debout, ils sont hors les lois du marché. Jonathan Nossiter les filme à table autour d’une bonne bouteille, ou dans les vignes, d’une caméra buissonnière, aimable et intime. Dans le champ passent des animaux, des enfants jouent, insouciants. Le cinéaste entre en dialogue et en conversation, et tout le film porte la parole engagée et claire de ces viticulteurs, dont frappe à chaque instant l’infaillible intelligence de leurs raisons. Le vin a une histoire, son présent s’inscrit dans son passé. C’est une question de mémoire et de transmission, la même qui est posée au cinéma. D’anciens films s’insèrent dans le documentaire. Cet assemblage est l’œuvre d’un réalisateur activant la préservation d’une autre culture menacée : le cinéma.