Les Rayures du Zèbre
Agent de footballeur, José quitte régulièrement sa Belgique natale pour aller repérer de jeunes joueurs en Côte d’Ivoire. Là bas, malgré sa bedaine et ses vannes à deux balles, il est une sorte de cador : tout le monde le respecte, les filles lui tombent dans les bras. Chez lui, entre son épouse dont il est séparé et son fils vétérinaire qui le regarde comme un raté, c’est une autre histoire. Mais sa rencontre avec Yaya, jeune prodige qu’il prend sous son aile et emmène à Bruxelles, pourrait changer la donne. Plus qu’un film sur le football, Les Rayures du zèbre tente une radiographie tragi-comique des rapports Europe/Afrique : venu du reportage (notamment l’excellente émission Strip-Tease), Benoît Mariage (Les Convoyeurs attendent) s’est largement documenté sur la question. Et ce qu’il donne à voir du vieux fond de colonialisme des Blancs et de l’attente démesurée des Noirs à leur égard est malaisé, désagréable, mais juste. La fiction explore plusieurs pistes, de la comédie balourdeau drame, en passant par une réflexion sur la paternité et le chemin de la rédemption. N’en approfondissant aucune, le scénario s’égare et le film ne trouve pas son rythme. Il reste que le sujet est excellent, et que, dans un rôle chargé où il ne s’épargne rien, Benoît Poelvoorde est, comme souvent, d’une générosité kamikaze et d’une sincérité ébouriffante, sauvant son personnage de la «beaufitude» pure et simple pour en faire un homme dont les rêves se sont évanouis et qui se débrouille avec ce qu’il a. Pour continuer.