Paris, années 1930. Laura et Kate, deux sœurs spirites américaines se produisent dans les cabarets et font la connaissance du producteur de cinéma André Korben, désireux de renouveler les images et de filmer l’invisible. Après Belle Épine et Grand Central, Rebecca Zlotowski confirme un talent aigu pour les récits complexes et habités. Planétarium est une œuvre opulente, magnifiquement photographiée (premier film français entièrement tourné avec la caméra digitale Alexa 65), dotée de décors et de costumes superbes, interprétée avec grâce et fougue par Natalie Portman, Lily-Rose Depp et Emmanuel Salinger… Plein comme un œuf, le scénario (cosigné par la réalisatrice et Robin Campillo) nous entraîne dans une époque, l’entre-deux-guerres, qui ne sait pas encore qu’elle porte ce nom ; et aussi dans l’envers du décor d’un film, la fascination pour les fantômes, la montée de l’antisémitisme… Fourmillant de références et d’hommages au 7ème art, le film déploie sa poudre aux yeux, joue de tous les possibles de la mise en scène et du montage pour projeter ses ballets d’ombre et de lumière, de vrai et de faux, de croyance et de foi. Et révéler les choses derrière les choses, tandis que le spectre du conflit mondial à venir étend son ombre noire sans que personne ne semble vouloir s’en apercevoir. On s’y perd souvent, mais ce n’est pas bien grave, Planétarium, pour peu qu’on se laisse embarquer, est une balade poétique avec la vie, la mort et le cinéma.