Le Passé
Le premier film français d’Ashgar Farhadi aurait pu porter le titre de son film iranien La Séparation. Le Passé ne parle, au fond, que de ça, autrement, avec une autre histoire. Un homme revient, longtemps après sa fuite, divorcer d’une femme qu’il a aimée autrefois, avant de sombrer. Elle a choisi de refaire sa vie avec un nouvel amour dont elle attend un enfant.
La séparation, dans ce cinéma si tranchant du réalisateur iranien, est impitoyable. Elle balaie tout : le couple, la famille, les amis, les connaissances. Elle emporte l’amour, l’affection, la considération, la confiance. Elle emporte même la vie ; la mort va à son bras. Il est avec elle toujours question de perte : quelque chose a précédé qui s’en va, qui disparaît, qui a passé. C’est de cela dont il faut faire le deuil : le passé. Rien ne sera plus. On pourrait à partir de là faire jaillir des larmes, surgir des regrets. Mais ce serait s’effondrer sur une tristesse que ce film sensible n’a pas. A son terme, porté par des acteurs justes, il aura marché vers la lumière, poussé les ombres, retranché la douleur. Du passé qui a passé surgit un possible bonheur.