Malaise. Total. Le septième long-métrage de fiction de Bertrand Bonello laisse dans un état étrange. Écarté de Cannes, absent de Venise, il ira à San Sebastian en septembre. Le sujet est « sensible », et le titre initial n’est plus : Paris est une fête, d’après Hemingway, et devenu étendard pro-vie et post-attentat de novembre dernier. Ici, un groupe de jeunes Parisiens va au bout d’un désir radical, extrême. Un geste sans appel que le cinéaste prend à bras-le-corps. Ces filles et ces garçons, de toutes couches sociales, culturelles, ethniques, font bloc autour d’un dessein commun : signifier leur ras-le-bol d’un monde moderne où l’humain subit tout. Leur refus d’être des pions qui morflent. Alors ils visent les symboles, de la pire manière. Moralement, le film attise. Il a le mérite d’aller au bout de sa proposition. Bonello choisit et nomme des responsables dans sa fiction, servie par sa maestria de mise en scène. Dès les premières images, on est dans l’action. Dans la tension. Le choix de démarrer dans le nerf de ce thriller effrayant, puis de saupoudrer des flash-back, sonne fort. Tout comme la construction en miroir d’une première partie, où les protagonistes avancent en solo dans une multitude de lieux, et d’une seconde, où ils sont réunis dans un espace clos, recréation d’un monde factice, où ils rejouent « la vie » de manière définitive. Le résultat est saisissant, inconfortable. Servi par les visages et les corps captivants, fébriles, de comédiens habités, déjà repérés ou inconnus.