Né quelque part
Mohamed Hamidi est un homme du rire et de la scène. Il a écrit pour Jamel Debbouze, pour Malik Bentalha, pour Abdelkader Secteur, pour Redouanne Harjane. Dans une autre vie, il a enseigné l’économie et la gestion à Bobigny. A Sciences Po Paris, il a dispensé des cours sur les nouveaux médias. L’aventure du Bondy Blog était de lui, tout comme l’association Alter Egaux, main tendue aux jeunes des quartiers. Né quelque part est son premier film. Il lui ressemble, drôle et doux. Autobiographique, personnel, intime. Dans le miroir de la fiction, il raconte : une identité, une famille, des origines. L’Algérie, si loin, si proche. Dans sa peau, Tewfik Jallab voyage de France jusqu’à cette terre des ancêtres, à découvrir et à aimer, de sentiments entiers et ambivalents. Jamel Debbouze est son cousin du bled, roublard et débrouillard. Il porte son nom, aurait pu être lui, s’il n’était pas né ailleurs, en France. En ce cousin s’incarnent l’identité et l’altérité, cette dialectique des enfants d’immigrés. Mais Mohamed Hamidi le place très vite hors champ. Le film ne s’attarde pas, tant de choses sont à dire, à montrer, de la communauté des hommes là-bas, de leur quotidien et de leurs rêves. Des personnages prennent vie et tracent une généalogie familiale et amicale. Ici se retissent des liens du sang et du sol. Sur le pays du père, Né quelque part pose un regard tendre et généreux. C’est le regard amoureux d’un enfant reconnaissant à cette terre de porter son histoire. Ce regard ne juge ni ne célèbre : il embrasse.