Météora

Dans la région des Météores, en Grèce, un couvent et un monastère se font face sur des roches de grès gigantesques. Entre le ciel et la terre, une nonne, Urania, et un moine, Theodoros vivent là, vouant leur existence à Dieu dans des chambrettes austères. Mais, parfois, dans la vallée, au cœur d’une nature assaillie de soleil, au son des grillons, ils marchent côte à côte ou s’assoient au pied d’un arbre pour partager un repas. Dans ce décor fabuleux, improbable et pourtant si réel, Spiros Stathoulopoulos signe un deuxième long-métrage étonnant. Les rapprochements des deux personnages sont entrecoupés de saynètes animées sommairement, où ils sont représentés par des icônes tout droit sorties d’un triptyque byzantin. De l’amour de Dieu à l’amour des hommes, il y a, littéralement, un gouffre, que Theodoros et Urania ont franchi, sans doute, au premier regard échangé. Non exempt de lenteur, le film envoûte pourtant en mettant en scène le combat intérieur de ces deux êtres aimantés par une force qui les dépasse et dont les yeux se cherchent, s’évitent, se retrouvent sans cesse. Cette douce chronique d’une passion ravageuse et iconoclaste est un pur ovni. Une belle expérience exigeante et inédite.