Max et Lenny

Marseille comme on la voit peu. De barres de béton en terrains vagues des quartiers nord. De calanques discrètes en bicoques de fortune. De petites salles de concert en orphelinat. Deux battantes croisent leur route. L’une s’est construit une carapace pour mieux supporter le quotidien. L’autre déploie son énergie positive pour gérer la survie familiale. Lenny slame et trafique en attendant de récupérer sa fillette. Max étudie pour optimiser sa place dans le monde. L’une a des papiers, l’autre pas. Sans une once de misérabilisme, sans un poil de complaisance, Fred Nicolas offre un premier long-métrage solaire. Un îlot de reconnaissance où les femmes mènent la barque. Un combat humaniste, où les origines diverses se nourrissent et où un regard, une voix, mènent à l’autre. Coécrite avec François Bégaudeau et portée par la productrice défricheuse Elisabeth Perez, cette histoire chante l’altruisme, la pugnacité, la résistance. Sans chichi, la mise en scène cadre les visages dans leur beauté brute. L’un fermé (Lenny, l’écorchée vive), l’autre ouvert (Max, la lumière même), avec l’espoir vissé au corps. L’énergie circule et embarque dans son « flow » Mozart et la dope, le bitume et la mer. La rappeuse devenue actrice Camélia Pand’Or et la comédienne à suivre Jisca Kalvanda mènent ardemment ce conte moderne, où la douceur surpasse la douleur et où tous les rêves valent la peine d’être vécus.