Agnès Varda et JR partent en vadrouille pour faire un film, au fil du temps et des images, au gré des rencontres et des envies. « Le hasard a toujours été mon meilleur assistant », dit-elle. La cinéaste de 88 printemps qui a débuté comme photographe et le jeune artiste photographe de 33 ans qui expose sur les murs du monde entier montent dans un camion ressemblant à un gros appareil photo, en route pour l’aventure. Ils dialoguent entre eux, se chamaillent gentiment (elle voudrait tant qu’il enlève ses lunettes noires ; il s’interroge sur le casque blanc et rouille qui lui sert de coiffure) et s’amusent à créer ensemble des images. Ils photographient une ribambelle de villageois semblant croquer dans une baguette infinie ; offrent à Janine, dernière habitante d’un coron, son image en grand sur la façade de sa petite maison du Nord — « Que puis-je dire ? », demande-t-elle bouleversée devant le résultat — ; ou mettent en lumière sur des containers empilés trois femmes de dockers au Havre…
Comme dans un jeu de piste, un coq-à-l’âne, un Marabout-bout d’ficelle, une idée en entraîne une autre, saugrenue, rigolote, poétique. Ils imaginent des moments ludiques et singuliers qu’ils partagent avec les gens. Et avec nous spectateurs, ravis devant tant d’inventivité joyeuse, de complicité artistique. Ils parlent d’eux, et d’art. De cinéma, aussi. Ils se font des scènes, se refont une scène, le temps d’une traversée du Louvre à toute vitesse qui nous émeut et nous fait rire aux éclats. Le temps passe et ils parlent de ça, du temps qui passe. Des yeux d’Agnès qui ne voient plus très bien, de ses jambes qui lui font dire : « J’ai mal à mes escaliers ». Ils prennent le train pour la Suisse, dans l’espoir d’y rencontrer, à Rolles, Jean-Luc Godard, non pas « un vieil ami », mais « un ami de longue date », qu’Agnès avait réussi à photographier jadis sans ses éternelles lunettes noires… Tiens donc… Ce qui se passe ensuite, on vous le laisse découvrir, pour ne pas dévoiler plus avant ce film léger, charmant, bouleversant, qui met les larmes aux yeux et le bonheur au cœur.