Ils ont trente ans et plein d’allant. Ils se lancent dans l’impossible : devenir patrons, de nos jours, d’un salon de coiffure. Pierre Jolivet revient au social et signe une comédie romantique. Charmante.
Se lancer dans la création d’un salon de coiffure indépendant, aujourd’hui, c’est aussi culotté que de tomber amoureux de quelqu’un avec qui ça n’a pas marché. Victor et Célia vont tenter les deux. Et comme nous sommes dans une comédie romantique, nous savons à peu près où ça va. L’intérêt, c’est comment le scénariste et metteur en scène y va…
Pierre Jolivet avait imaginé (et réussi) une histoire d’amour entre un grand patron et une artiste dans Je crois que je l’aime, il revient ici à sa veine la plus forte et aboutie, celle du film social (Fred, Ma petite entreprise) et y ajoute une romance, cette fois entre deux trentenaires d’origine modeste, qui se sont rencontrés à l’école de coiffure, ont galéré depuis, de boulots déprimants en patrons envahissants, et vont tenter ensemble le grand saut vers la création d’une petite entreprise.
Le film, comme Antoine et Antoinette de Jacques Becker ou Marius et Jeannette de Guédiguian, dont il reprend l’idée du titre (deux anonymes du quotidien qui vont s’incarner et devenir universels), s’ancre dans la tradition populaire du cinéma français, qui travaille une réalité sans fard et des héros ordinaires… Tout y est, les hésitations et les aléas, les doutes et les déconvenues, et de ce point de vue, le récit est parfaitement documenté et huilé. On lui reprochera quelques notes appuyées dans l’écriture des personnages secondaires « rigolos ». Mais, par ailleurs, le regard sur une jeune femme française d’origine maghrébine est constamment juste, jamais insistant. Et, pour ce qui est du lien amoureux, il est joliment tissé et magnifiquement endossé par les deux interprètes, Arthur Dupont et Alice Belaïdi. La fraîcheur de leur jeu, l’alchimie entre eux, donnent à Victor et Célia un élan différent.