Adapté d’une histoire vraie, ce feel good movie carcéral prône la culture comme moyen d’évasion et bénéficie de la présence d’acteurs étonnants.
C’est une très belle histoire. Et elle est vraie : à la prison de Kumla en Suède, en 1985, un acteur professionnel a travaillé avec une poignée de détenus la pièce de Beckett, En attendant Godot. Les représentations pour leurs coreligionnaires ont débouché sur une tournée jusqu’au théâtre de Götteborg… et un épilogue qu’il serait dommage de révéler ici, si par chance vous en ignorez tout.
Adaptant à notre époque et à la France cette aventure contée en 2006 par Prisonniers de Beckett, documentaire franco-canadien de Michka Säal, Emmanuel Courcol et son scénariste, Thierry de Carbonières, déroulent (parfois un peu trop) les attendus d’un scénario programmatique (les frictions, les réticences, l’acceptation mutuelle), y compris sur le personnage pivot de l’acteur en perte de vitesse — euphémisme — que Kad Merad incarne néanmoins avec toute sa bonhomie.
Mais la force du film ce sont les prisonniers, personnages complexes, très bien écrits et fouillés, échantillon de caractères singuliers et de trognes façonnées par un vécu parfois lourd, auxquels les véritables acteurs que sont Wabinlé Nabié, Pierre Lottin, David Ayala et quelques autres confèrent une justesse frappante et lumineuse. Ils sont tour à tour émouvants, bouleversants, effrayants aussi. Et c’est ainsi que le film fait surtout un triomphe à l’humanité.