Pour son premier long-métrage, Maxime Martinot adapte trois nouvelles fantastiques de Jorge Luis Borges. Sa méthode : simplicité et littéralité, pour un film fidèle à l’esprit de l’auteur de La Bibliothèque de Babel.
Comment adapter Jorge Luis Borges au cinéma ? En s’emparant de trois nouvelles du maître argentin, Maxime Martinot signe un premier film qui répond de façon audacieuse à cette question : littéralement. En effet, pour mettre en images ces trois courtes histoires, le réalisateur convoque leur auteur, incarné par Hector Spivak, et lui fait raconter les récits à une jeune femme, en reprenant le texte de Borges. Outre la belle fidélité au matériau d’origine, ce procédé, associé à une mise en images d’une grande simplicité, permet de se concentrer sur le texte et sur ses différents degrés de lecture. Pour enrichir ce procédé, les transitions entre les trois histoires font toujours parler Borges, mêlant notations biographiques et réflexions de l’auteur, transformant ce film-gigogne en portrait subtil de l’écrivain. La réalisation, limpide, qui capte les conversations (en un beau 16 mm) dans des décors sylvestres, rappelle finalement le rapport intense qu’entretenaient Jean-Marie Straub et Danièle Huillet avec la nature et les auteurs qu’ils adaptaient. Avec ici une touche fantastique, indissociable de l’œuvre de Borges, et probablement du cinéma naissant de Martinot, également coresponsable, avec le Collectif Comet, d’un beau court-métrage consacré à Lovecraft, Return to Providence, visible ICI.