Le cinéaste libanais Vatché Boulgourjian s’est attelé à un vaste programme pour son premier long-métrage. Rabih est un jeune chanteur aveugle, qui doit se produire avec sa chorale en Europe. Mais il apprend que son passeport est faux et que son identité n’est pas celle qu’il a toujours crue. Commence une quête de l’impossible. Trouver son origine en remontant le fil, au cœur de la guerre civile du Liban (1975-1990). Choix puissant de jouer de la cécité comme révélateur de l’aveuglement d’un pays sur son passé, et de son incapacité à l’introspection. Le héros malgré lui entame un parcours de titan, au rythme de sa détermination et au son de sa voix. Pour déverrouiller et libérer la parole. Le réalisateur et la musicienne et compositrice Cynthia Zaven ont finement construit une trame sonore qui nourrit la dramaturgie, en accompagnant off le voyage géographique et intérieur de Rabih, et dans l’image, en le faisant chanter la musique traditionnelle arabe, où excelle hors écran son interprète né aveugle Barakat Jabbour. Avec comme climax, un final bouleversant d’émotion contenue et promesse d’apaisement. La musique comme vecteur sensoriel, lien existentiel et baume humain. Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes, où il a reçu le Rail d’or, le film a fait le tour du monde, notamment primé à Namur, Bruxelles, Dubaï et Pula.