Quatrième aventure cinématographique en solo et seconde sous la houlette de Taika Waititi, Thor : Love and Thunder est un bazar coloré, joyeux, parfois mélancolique, toujours attachant.
Thor revient pour la quatrième fois dans un film qui lui est dédié, et pour la seconde fois sous la direction de Taika Waititi. Le résultat, très coloré, trop bouffon, parfois émouvant, séduit quand même par son côté hybride.
Pilier des super-héros Marvel, Thor connaît un destin un peu particulier au cinéma. Après un premier volet pompier signé Kenneth Branagh en 2011, un deuxième, sans forme ni substance, dirigé par Alan Taylor, le héros de la mythologie nordique a trouvé avec Taika Waititi, pour Thor : Ragnarok, un réalisateur à même de surmonter le côté forcément kitsch des aventures du dieu du tonnerre. Pour ce quatrième opus, le réalisateur néo-zélandais (Jojo Rabbitt, 2019) décide de pousser encore plus loin l’outrance du scénario et la surcharge visuelle et sonore.
Pour juger rapidement de l’histoire, disons que Thor, après une longue remise en cause, repart à travers l’espace, désormais accompagné de son ex-fiancée Jane Foster, devenue le Thor en titre, depuis qu’elle a récupéré le marteau Mjolnir. Leur mission : sauver des enfants d’Asgaard, kidnappés par Gorr, personnage bien décidé à pourfendre tous les dieux qu’il trouvera sur son passage. Programme chargé, donc, d’autant qu’on n’évoque pas ici les sous-intrigues et les nombreux personnages secondaires.
Au niveau de la forme, le réalisateur de Vampires en toute intimité embrasse le cahier des charges Marvel (fonds verts et images de synthèse à tout crin) jusqu’à la démesure. Comme en témoignent les chèvres hurlantes et géantes qui tirent le navire des héros lors de ses déplacement cosmiques. Venu de la comédie, Waititi n’hésite pas à jouer la carte de l’humour Marvel (souvent agaçant) pour le mener sur le chemin de la bouffonnerie. C’est le pari que le cinéaste ne parvient pas complètement à tenir. D’abord, parce que, face à une amusante et surprenante Natalie Portman, Chris Hemsworth surjoue un peu l’hébétude. Ensuite, parce que cette volonté de pitrerie est à l’origine du ventre mou du film (le passage gênant des héros à la cour de Zeus, incarné par un Russell Crowe un peu à côté de la plaque). Enfin, et surtout, parce que le personnage de Gorr, méchant émouvant incarné par un Christian Bale impliqué, est régulièrement sacrifié sur l’autel de la blague généralisée. Heureusement, le final, plus sérieux, et la profusion de seconds rôles ajoutent du charme à cet objet un peu bizarre, ce blockbuster gentiment punk pour grands enfants.