Layla, 18 ans, porte le voile, mais conduit la camionnette familiale sous l’œil à la fois sévère et rieur de son père, Soulimane (Hitham Omari) ; elle possède un portable et va à l’université. La modernité est là, dans cette famille habitant un village de bédouins à l’est d’Israël, près de la frontière avec la Jordanie. Mais l’éducation sévère, que la mère Jalila (Ruba Blal, belle et puissante) exerce sur son aînée et ses deux cadettes, reprend vite ses droits. Un mariage se prépare : Soulimane prend une deuxième épouse, et la souffrance de Jalila est telle qu’elle retombe sur sa fille lorsque la mère découvre que l’adolescente a une liaison avec un jeune étudiant. Premier long-métrage d’une jeune Israélienne, Tempête de sable est une observation minutieuse, à hauteur d’adolescente, du poids des traditions masculines, et de la façon dont les femmes, de génération en génération, sont finalement amenées à les faire peser sur leurs semblables, afin de maintenir la paix, le respect, l’harmonie. Lamis Ammar, avec son regard noir et ses bonnes joues d’enfant, confère à Leyla un étonnant mélange de maturité et de fragilité. Dans des tons beiges seulement troués par les couleurs des vêtements, ou le blanc lumineux d’une robe de mariée, avec force détails anthropologiques (les préparatifs des noces, la fabrication du pain…) et culturels (la première épouse accueillant la seconde, la mère retirant soudain son foulard pour en enserrer la tête de la plus jeune de ses filles), la réalisatrice donne à voir la cohabitation impossible entre le monde du dehors et cet univers clos, oppressant, battu par le vent, les sables et les immémoriales coutumes.