Une usine qui ferme, ce pourrait donner lieu à un drame. Mais ce premier long-métrage exploite la veine anglo-saxonne des films qui font du bien. Et il le fait en chansons, et plutôt juste. Alors on chante…
À Quiévrechain, Hauts-de-France, c’est la crise. Franck, pour surmonter la fermeture de son usine et la déprime des jobs temporaires, retourne voir ses anciens amis ouvriers et membres de la chorale dont il était le chef : José, Sophie et Jean-Claude. Il leur propose un concept original : vendre des chansons à la demande, pour toutes les occasions, mariages, anniversaires, retraites et autres. Saugrenue, l’idée fait florès et la petite entreprise baptisée Si on chantait s’organise avec une équipe de quatre vocalistes enthousiastes, des scooters colorés, et une standardiste bienveillante…
Sur les modèles des feel good movies à caractère social dont la Grande-Bretagne a le secret (The Full Monty de Peter Cattaneo ; Les Virtuoses de Mark Herman), Fabrice Maruca et sa coscénariste Isabelle Lazard proposent une variante au strip-tease et à la fanfare pour recréer du lien entre chômeurs et fédérer une communauté : des chansons entonnées à domicile ! L’originalité du point de départ associée à des acteurs pleins d’entrain – le très épatant (et excellent chanteur) Jeremy Lopez, la pétillante Alice Pol, le sémillant Clovis Cornillac et l’hilarant Artus – confère au film un vrai capital sympathie.
Si celui-ci ne se dément pas, la sagesse de la mise en scène et l’écriture programmatique plombent un peu la deuxième moitié. De la mésentente entre Franck et son père (Patrick Bonnel, parfait) aux sentiments tendres de Franck pour Sophie, qui, elle, n’a d’yeux que pour son amant, homme marié et peu fiable, tous les conflits de départ trouveront résolution. Mais, ces réserves faites, le plaisir qui accompagne ce premier long-métrage imparfait mais très charmant est réel. Et l’attrait des airs de variété fredonnés par nos joyeux lurons en toutes circonstances fait le reste.