Reprise du classique où Marilyn se rafraîchit sur une grille d’aération. Le maître ès chefs-d’œuvre Billy Wilder y distille son art de la réplique, du rythme et de la mise en scène des profonds désirs humains.
Des décennies que Marilyn Monroe et ses personnages font tourner la tête. Le héros de The Seven Year Itch, Richard Sherman, en fait les frais, au propre comme au figuré. Ses cervicales trinquent dès le début, et sa conscience fait le yoyo entre fidélité du pépère à sa bobonne et pulsions lubriques du mâle en rut. La pièce originelle que son auteur George Axelrod a lui-même adaptée avec Wilder raconte la frustration galopante de l’homme marié et le puissant démon de midi. Surtout quand Manhattan est écrasé par une vague de chaleur estivale, et que les épouses partent à la mer avec les gosses.
On est dans du Tex Avery de l’Âge d’or d’Hollywood, en plein règne de la censure du Code Hays. Tout n’est qu’allusion sexuelle. Le désir est tapi dans tous les coins. Le benêt et la bimbo mènent un incessant jeu du chat et de la souris, où la moiteur se calme comme elle peut, de douche en clim, de sous-vêtements dans la glacière en bouches d’aération du métro. Mais pas de passage à l’acte hormis un petit bisou final, bien après une chute suite à tentative d’étreinte. Le surmoi puritain remporte la manche. Tom Ewell joue avec malice le héros malgré lui qui tombe, craque, perd la tête et pète un plomb, avant de se réfugier dans les jupes de sa légitime. La femme est plus forte que l’homme. L’épouse comme la voisine. Elles assument quand lui fantasme.
Tourné entre Sabrina et Ariane avec Audrey Hepburn, Sept ans de réflexion, n’est pas seulement dominé par la robe blanche sur courant d’air. On y voit aussi une pagaie, un plant de tomates, un piano, un escabeau, un escalier condamné, un concierge qui surgit toujours au mauvais moment, et des références cinématographiques savoureuses. À Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann, quand Sherman se voit tromper sa femme avec la meilleure amie de celle-ci sur une plage léchée par les vagues. À Marilyn elle-même – audacieuse mise en abyme -, quand Richard veut lever le doute à propos de la blonde dans la cuisine hors champ. Pourquoi ne serait-ce pas la star ? Eh bien oui, c’est elle, mais ici actrice au jeu ciselé, dans la peau d’une célibataire pleine de bon sens, et moulée dans des tenues affriolantes, aux éclats de couleurs restaurées dans cette nouvelle version.