En lice pour la présidence des États-Unis, une femme de tête rencontre un homme de cœur. Énième version du ver de terre amoureux d’une étoile, cette comédie romantique parvient à innover. Et en plus, elle est drôle !
Il est journaliste au chômage, plume alerte mais allure de teen-ager attardé ; elle est une secrétaire d’État efficace doublée d’une femme sublime, en lice pour la présidence des États-Unis. La seconde a besoin de quelqu’un pour donner du punch à ses discours et embauche le premier, dont elle fut la baby-sitter (et qui en pinçait déjà pour elle à 10 ans). Aussi simple que ça, le script de Séduis-moi si tu peux ! se déroule vers une fin que l’on connaît et appelle de nos vœux : oui, le ver de terre aura conquis l’étoile. Toute la question est comment.
Avec un sens certain pour les dialogues, mais aussi une grande confiance (bien légitime) dans le tempo de ses deux interprètes, Charlize Theron et Seth Rogen, le scénario mélange comique de situation et clichés de la bonne vieille comédie romantique. Les scénaristes, Dan Sterling (auteur de séries dont South Park et The Office) et Liz Hannah (coscénariste de Pentagon Papers de Spielberg) affirment même un certain aplomb dans leurs choix, et jusque dans leur humour limite. Réalisé sans éclat mais proprement, le film aurait sans doute gagné à être resserré : quelques minutes pèsent pendant les cent vingt-cinq de projections. Quoiqu’il en soit l’abattage des acteurs est indéniable et l’ensemble réussit le plus souvent à être surprenant et réjouissant.
Il faut dire qu’il évoque le journalisme de qualité et son impossibilité née de la crise de la presse et du rachat des journaux par des entreprises entraînant moult conflits d’intérêts. Qu’il affiche une liaison entre une femme et un homme plus jeune qu’elle (de trois ou quatre ans, mais tout de même). Et qu’il s’autorise une relecture iconoclaste de la vie politique américaine, où Diable reconnaîtra les siens !
Alors que le président en place est un fantoche, un acteur télé ringard se sentant légitime, car il a endossé cette fonction – avec force haussements de sourcils et phrases toutes faites – dans une série TV à succès, on demande à la secrétaire d’État, qui a fait preuve de son efficacité au sein du gouvernement, de montrer patte blanche tout un tas d’autres choses d’un point de vue personnel. Lorsqu’il devient évident que le cœur de la candidate penche pour le jeune homme pas du tout calibré ni élégant qui écrit ses discours, sa conseillère lui montre un sondage qui refléterait à peu près la même désapprobation que « si Kate Middleton s’affichait avec Danny De Vito »… Comparaison pour le moins désagréable, et qui ravale une femme politique bardée d’un C.V. impeccable au rang de princesse, c’est-à-dire poupée pomponnée sans aucun pouvoir ni intelligence politique. On voit par là, comme constaté lors des dernières élections américaines, qu’hommes et femmes ne sont pas égaux dans la course à la Maison-Blanche…