Thomas Lilti convoque ses souvenirs d’étudiant en médecine et plonge deux personnages dans l’enfer de la première année du cursus. Un film éloquent et cadencé, doublé d’une belle histoire d’amitié.
À l’heure où le gouvernement entend réformer le système de santé français et remet en cause le numerus clausus des facs de médecine, Première Année, le quatrième long-métrage de Thomas Lilti, résonne fort. Le dernier volet de sa trilogie, qui fait suite à Hippocrate et Médecin de campagne, relate le quotidien de deux étudiants en première année de médecine à Paris, du premier jour des cours au concours final. Benjamin débarque du lycée et sympathise immédiatement avec Antoine qui, lui, retente le concours pour la troisième fois. Avec humour et exactitude, Thomas Lilti filme ces jeunes au travail et décrit la « boucherie pédagogique » qu’est ce système compétitif dépourvu de tout sens psychologique. À cet égard, le film, éloquent et haletant, restitue parfaitement la violence et l’épreuve que représentent ces grands concours.
Le montage fluide et bien rythmé tisse habilement séquences intimistes et scènes de foule dans des amphis, halls de fac ou salles d’examen. Toutes, peuplées de centaines de figurants, sonnent très juste et trouvent le savant équilibre entre reflets documentaires et charge romanesque. Car, outre le contexte qu’il décrit et dont il dénonce la dérive inhumaine, Première Année est surtout une belle histoire d’amitié et d’entraide. Vincent Lacoste, que Thomas Lilti dirigeait déjà dans Hippocrate, et l’excellent William Lebghil (Jacky et le royaume des filles, Les Combattants, Cherchez la femme…), apportent un relief formidable à leurs personnages. Le réalisateur filme leur évidente complicité avec une grande tendresse, et met en lumière leur intelligence et leur énergie communicative. Nous vibrons, souffrons, espérons avec eux. Quant à l’issue de leur année, dont on ne dira rien ici, c’est l’une des plus belles fins qui puissent être imaginée. Un de nos grands coups de cœur de la rentrée.