Le troisième – et dernier – volet du reboot de La Planète des singes sort le 2 août au cinéma. L’occasion de dire adieu à César et ses singes qui mettent en question notre propre humanité en grande pompe. Parce qu’un blockbuster intelligent, ça détonne, et on aime.
Rarement on aura tant aimé un reboot. Lors de la sortie de La Planète des singes : les origines en 2011, on admet un rien de scepticisme. Et pourtant, le film nous avait convaincus, entre ses effets spéciaux particulièrement bien faits et son exploration de la thématique de l’Autre, de la différence. Et puis il y avait Andy Serkis. Le comédien est aujourd’hui celui vers qui on se tourne lorsque l’on parle de singes au cinéma, et ce n’est pas pour rien.
En 2014, La Planète des singes : l’affrontement nous plongeait encore plus avant dans l’apprentissage de l’humanité de César (Andy Serkis, donc), et de ses acolytes. César tentait de mettre en place une société égalitaire, démocratique, et se retrouvait avec une guerre interne sur les bras, en plus de l’hostilité des Hommes.
Cette fois, avec cette Suprématie, César est clairement le seul leader de son peuple, et le voilà qui se retrouve avec un ennemi autrement plus dangereux que ceux qu’il a affrontés jusque-là : lui-même.
Parce que le Konel a tué sa femme et son fils, il fait l’expérience du plus « humain » de ses sentiments : la soif de vengeance. Et il se retrouve face à un homme, l’étonnant Woody Harrelson, qui devient son miroir dans sa folie meurtrière.
César, toujours impeccablement joué par Andy Serkis, a donc du pain sur la planche. Et le spectateur aussi.
Car c’est là aussi, sûrement, la clé du succès de cette nouvelle trilogie : jamais le spectateur ne peut se reposer. Sans cesse, l’humanité de César et de son espèce remet en question la sienne. L’apprentissage par les singes de la vie en société, de la justice et, dans ce dernier volet, du maintien de l’empathie malgré la douleur, renvoie sans faille le spectateur à ses propres convictions et à ses propres actions.
Le tout dans un joli paquet, un vrai film de guerre hollywoodien à grand succès, aux effets spéciaux made in WETA impressionnants, et avec un joli ruban d’explosions.
Mais si le film est si spécial, c’est aussi parce qu’il est profondément humain, y compris en ce qui concerne ses acteurs. On a coutume de dire que les grands primates ont une véritable « humanité » dans le regard… Dans le cas de La Planète des singes, ça n’a jamais été aussi juste, puisque ce sont de « vrais » acteurs qui leur prêtent leurs yeux et leurs expressions.
Andy Serkis en tête, bien sûr, qui campe un César en proie au doute, mais aussi Karin Konoval, Terry Notary… Une flopée d’acteurs qui jouent de leur humanité et font face aux « monstres » humains menés par un Woody Harrelson en grande forme, psychopathe réjouissant, prêt à tout pour anéantir les singes et questionner leur « humanité ».
Alors, on regrettera amèrement que cette trilogie se termine (et au passage on regrettera les titres français qui ont fait passer un « rise » (littéralement « lever », comme le soleil ou une insurrection) en « origines », un « dawn » (littéralement « aube ») en « affrontement » et une « war » (une guerre, donc) en « Suprématie »…
Et parce qu’un blockbuster intelligent, ça n’arrive pas si souvent, alors on ira profiter de ce troisième volet de La Planète des singes avec bonheur, après – on vous y encourage – s’être refait les deux premiers.