Ovni(s)

Melvil Poupaud campe un ingénieur spatial placardisé – Didier Mathure – au bureau d’investigation sur les OVNIS (le Gepan). Cartésien, il persiste à trouver des explications scientifiques aux prétendues apparitions de soucoupes volantes, jusqu’au jour où le doute s’empare de lui. Dans ce X-files à la française, la puissance du rêve finit par l’emporter.

Cette série loufoque situe son action dans les années soixante-dix, époque représentée par les décors, les costumes, et des références (Spielberg, Tati, Philippe de Broca, Howard Hawks, mais aussi La Mort aux trousses et Coup de tête). Cet aspect historique s’accompagne de préoccupations très contemporaines (le féminisme, l’écologie, la désobéissance civile, le complotisme, le pouvoir des réseaux). À côté de cet univers coloré à la nostalgie assumée, les vignettes s’emparent d’un propos universel. Et on retrouve surtout le ton de comédie douce-amère que le réalisateur, Antony Cordier, avait pratiqué dans Gaspard va au mariage (2018). La présence d’un flamant rose dans les bureaux participe à un bestiaire surréaliste. 

En parallèle de cette reconstitution de la France des seventies, la série invite la romance (le jeune timide Rémy – Quentin Dolmaire, lunaire – ne parvient pas à déclarer sa flamme à Véra – Daphné Patakia, ingénue) et la comédie de remariage (Didier Mathure tente de reconquérir son ex – Géraldine Pailhas). Une tendresse mélancolique est sous-jacente quand la recherche des OVNIS devient une quête sentimentale. Poétique et émouvante, témoignant d’une belle humilité à travers les caractères fragiles de ses personnages et par la simplicité de ses effets, la série ménage les équilibres entre ses extravagances et ses délicatesses, entre fantaisie et réalisme.   

La série est aussi un éloge de la crédulité. Daphné Patakia interprète à ce titre le personnage le plus émouvant, une standardiste à la gentillesse et à la sensibilité qui refuse tout cynisme. Le scepticisme est alors balayé par la foi en la fiction. La croyance en l’imaginaire est incarnée par la présence fictive de Steven Spielberg (Paul Spera), qui cherche de l’inspiration, témoignant au final d’un magnifique amour pour le cinéma. Une deuxième saison est déjà commandée par la chaîne et en cours d’écriture. On a hâte de les retrouver.