L‘éclectique David Mackenzie surprend une fois de plus avec Outlaw King : le roi hors la loi, âpre évocation historique de la vie de Robert de Brus, qui lui permet de reformer une équipe gagnante avec Chris Pine, deux ans après Comancheria.
Respectant à merveille la règle énoncée en son temps par François Truffaut, David Mackenzie semble tourner chacun de ses films contre le précédent : une comédie dans le milieu de la musique (Rock’n’Love), un drame carcéral (Les Poings contre les murs) suivi par un polar sous l’influence de Peckinpah (Comancheria). Rien à voir, donc, avec Outlaw King, fresque historique consacrée à Robert de Brus, roi d’Ecosse, et personnage secondaire de Braveheart. Loin du lyrisme appuyé du film de Mel Gibson, le cinéaste écossais opte pour un style sans apprêt, portant un regard réaliste sur le combat inégal mené par Robert de Brus contre la puissante armée anglaise. Cette approche esthétique brute est d’ailleurs une des forces du film, ajoutant du poids aux prenantes scènes de batailles, sanglantes et boueuses, écrasées par le ciel bas d’Ecosse. Retrouvant Mackenzie après Comancheria, Chris Pine convainc en roi courageux, tout comme Florence Pugh, en épouse pugnace et résolue. On reste moins séduits par certains seconds rôles qui forcent inutilement le trait pour incarner de méchants anglais grimaçants. Ils contrastent avec la sobriété de la mise en scène de Mackenzie, qui s’offre quand même deux petites coquetteries, véritables friandises pour cinéphiles : une bataille nocturne filmée en plongée et éclairée par des centaines de flèches enflammées, et surtout le plan séquence inaugural, de près de neuf minutes introduisant les protagonistes tout en décrivant une scène de bataille à la catapulte.