Les retrouvailles de la bande des Petits Mouchoirs tournent mal. Vacances pourries, entre coups de flip, coups de sang, coups de froid. On est finis !
Une bande est comme un cercle. Un cercle fermé, où l’on a vite fait de tourner en rond et de se cogner les uns contre les autres. La bande, chez Canet, telle qu’il l’a formée avec Les Petits Mouchoirs (2010), est le cercle fermé d’une sorte de famille dysfonctionnelle, en proie aux crises, conflits et ruptures – la mort même s’y invite. L’acteur réalisateur écrit un roman familial névrotique fait pour donner une épaisseur dramatique démonstrative à la fiction.
S’aimeront toujours ? S’aimeront plus ? Nous finirons ensemble les cueille dans un moment critique (François Cluzet n’a plus une thune et il fait un burn-out) que Guillaume Canet pousse à son paroxysme, dans une hystérisation incessante et épuisante. Comme si la bande n’était reliée que par de rances rancœurs et rancunes, qu’elle ne formait pas un tout mais une addition d’égoïsmes – à moins que ce ne soit des solitudes. Ça crie, ça vitupère, ça règle des comptes, qui avec l’ex-mari, qui avec l’ex-femme, qui avec la nounou, qui avec l’amant gay… Quelques-uns (Laurent Lafitte, Tatiana Gousseff) sont désignés comme les souffre-douleur, qu’on cogne à tous les coups.
Ce climat délétère, dans l’entre-soi d’une bourgeoisie aux problèmes de riches (louer une luxueuse maison au Cap Ferret), décrète sa loi inamicale, avec un effet repoussoir notable sur le spectateur, éprouvant malgré lui de l’antipathie pour cette bande qui le laisse de côté, en tout cas indifférent. Il pourrait y avoir quelque chose de savoureux dans cette histoire de vieux potes qui semblent adorer se détester pour mieux finir ensemble, mais encore faudrait-il à ce récit amical ravaudé de scènes empilées, une écriture de comédie alliant savoureusement férocité et cruauté. Or, elle manque de ces qualités, faute d’un humour approprié (qu’il est lourd, celui qu’on nous inflige !). Nous finirons ensemble n’est pas drôle, sinistre plutôt, à l’image de François Cluzet, écrasant au centre du film, qui tourne autour de lui et de sa dépression, son tragique surligné, au risque d’un déséquilibre avec les autres personnages, joués par un casting de stars populaires (Marion Cotillard, Benoît Magimel, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte…).
Qu’ils sont longs, tristes, ennuyeux, ces jours interminables au Cap Ferret, où même un saut en parachute, au lieu de faire remonter notre adrénaline et notre intérêt, laisse dans un état flottant, comme au-dessus d’un vide. Avec l’envie d’en finir, de sortir happer un air plus léger dehors. Non, nous ne finirons pas avec ce cinéma, ensemble.