Ce documentaire suit la trace d’une histoire puissante et incroyable au cœur de l’enfer des camps. Et au cœur de deux femmes…
28 avril 1945, port de Malmö. Plus de 15 000 survivants des camps de concentration nazis arrivent par bateau. Se penchant des années plus tard sur les impressionnantes archives filmées existant sur cette opération de sauvetage, le documentariste suédois Magnus Gertten en tire deux films : Harbour of Hope (2011) et Every Face Has a Name (2015). Dans ce dernier, il identifie des visages, leur donne des noms, tente de retracer leur vie. Et lance des appels à témoins pour combler les trous. Gertten croise lors d’une projection publique Sylvie, la petite-fille de la chanteuse lyrique belge Nelly Mousset-Vos, qui fait partie de ces visages des rescapés en noir et blanc. Et dont le destin est intimement mêlé à celui de Nadine Hwang, femme aux cheveux courts et à l’air sombre qui apparaît dans le film et sur laquelle il n’a trouvé que peu d’informations.
Dans le grenier de Sylvie, il y a une malle qu’elle n’a jamais vraiment ouverte. Et dans la malle, l’histoire d’amour de sa grand-mère Nelly, qui débute par la rencontre avec Nadine au camp de Ravensbrück à Noël 1944 sur l’air de Madame Butterfly. De cette malle émerge alors le lien unique, intime, caché sans l’être, mal vécu par l’entourage, qui persistera après leur libération, au sein du mariage de Nelly, puis au-delà de son veuvage… C’est ce que cet étonnant film enquête révèle, du Venezuela à Paris et Bruxelles, via un journal intime, des photos, et de nombreux films de famille. Montage d’archives inouïes, ravaudage splendide de bribes d’existence, Nelly et Nadine est, au-delà du témoignage historique passionnant, un hymne à la liberté absolue. De l’horreur de la guerre au retour à la vie, du discours impossible sur l’expérience des camps au pouvoir nuisible des préjugés. La liberté gagnée sur tout.