Ramona, ouvrière en Galicie, se débat avec tout. Pour survivre, aider sa fille. Et se retrouver.
Elle court, partout, tout le temps. Travaille en usine, part en mer pêcher, grappille une maigre paie, rentre nourrir sa famille. Elle veut donner à sa fille, jeune adulte qui vit avec son amoureux, la possibilité de sortir du cercle infernal dans lequel elle-même est piégée. À l’image de son personnage principal, Ramona, tornade rousse qui parle à toute blinde et vit à cent à l’heure, ce premier long-métrage, inspiré d’un personnage réel que le réalisateur avait filmé dans son court éponyme, est un maelström.
Rien, jamais, ne s’arrête pour cette quadragénaire qui passe d’un boulot à l’autre, d’une colère à un éclat de rire, du découragement à la lueur d’espoir. María Vázquez, comédienne inouïe, lui donne une énergie, une dignité, une force qui vous poursuivent longtemps après la projection. Elle est le cœur battant de ce portrait de femme ordinaire qui tient de l’extraordinaire.
Ça se passe en Galicie, au nord-ouest de l’Espagne, contrée aux mille visages, lumineuse et désolée, dont les usines ont fermé ou ont été délocalisées. Mais ça pourrait se passer partout. Là où les femmes sont en guerre pour assurer leur quotidien. On pense aux films des frères Dardenne, déambulatoires, urgents, et qui jamais ne quittent d’une semelle leurs personnages. On reconnaît la force de ce cinéma social qui, sous la grisaille ou le ciel bleu, dresse le même constat. Ramona, c’est le courage qui se heurte au réel, mais jamais ne s’étiole. Matria en fait le portrait sans concession. Avec puissance et cœur.