C’est une immersion, une plongée – de 16 mois – dans une classe à part. Celle que gère, avec une délicatesse hors pair, Christian Maréchal à l’école Jeanne d’Arc de Roubaix, la plus ancienne école Montessori de France. Le documentariste Alexandre Mourot est un initié. Père lui-même, il a suivi une formation d’éducateur Montessori en Espagne. Avant de poser ses micros et sa caméra à Roubaix, il a visité 22 écoles Montessori en France. Son choix s’est porté sur cette classe de 28 enfants, âgés de 3 à 6 ans, qui bénéficient de cette pédagogie visant à apporter autonomie et estime de soi à chacun. Sous le regard bienveillant et très attentif de Christian Maréchal et de ses éducateurs, les élèves avancent à leur rythme. Car la pédagogie Montessori prend en compte les spécificités de chacun, et propose un apprentissage en douceur, au cas par cas. On voit ainsi les bambins choisir leurs activités, du jardinage au bricolage, en passant par le calcul et la découverte des lettres par le toucher d’un matériel adapté. Chacun évolue, prend conscience de sa place dans l’espace et apprend à respecter les autres autour de lui.
Alexandre Mourot observe le quotidien de cette classe de rêve avec le regard un peu froid d’un entomologiste : à distance, il filme posément, enregistre les gestes, les paroles, les regards, tandis qu’Anny Duperey prête sa voix au commentaire off extrait des textes de Maria Montessori. Peu d’émotion traverse ce documentaire, mais ce que donne à voir et à entendre Le Maître est l’enfant est captivant, à l’heure où nombre d’écoles alternatives fleurissent en France. Une source d’inspiration et une bouffée d’espoir.