La Machine à écrire et autres sources de tracas de Nicolas Philibert
Soin de vous, soin de nous
Ce dernier volet de la trilogie signée Nicolas Philibert sur les patients de l’hôpital psychiatrique d’Esquirol nous permet d’approcher ces hommes et ces femmes dans un cadre intime. Et de les reconnaître au point de les connaître un peu…
Autant il est possible de voir Sur l’Adamant et Averroès et Rosa Parks séparément, autant ce troisième volet réunit et conclut magnifiquement l’ensemble. Il souligne la familiarité tissée par Nicolas Philibert avec les patients de l’hôpital psychiatrique d’Esquirol. Et vient apporter une note intime, touchante et encore plus humaniste (si c’est possible !) que les deux précédents.
Soit une petite équipe d’infirmiers qui s’improvisent techniciens pour aller au domicile des patients « ausculter » une machine à écrire bloquée, une imprimante ou un lecteur CD qui ne fonctionnent plus. Là, ils font ce qu’ils peuvent pour remettre en marche ces choses du quotidien appartenant à ces hommes et ces femmes que nous avons vus tour à tour sur la péniche alternative ou en grande discussion avec les soignants dans les bureaux tout blancs… L’intimité de leur chambre ou de leur studio, l’accueil qu’ils font aux intervenants, l’enjeu qu’il y a pour eux à voir réparées les pannes en direct : tout cela parachève les récits initiés, donne une touche finale. Un supplément d’âme devant ces objets inanimés qui retrouvent la leur… ou au moins reprennent leur fonction.
La métaphore est limpide et la détresse des patients, passant par ces objets transitionnels, est plus mesurée. Leurs interactions sont plus légères aussi… C’est simple, c’est beau, la vie est là. Avec ces trois films, Philibert nous livre une œuvre d’une intensité remarquable. Douloureuse et essentielle.